Par Bernard Vassor
Un libraire sérieux aurait décrit ainsi ce livre :
Tome dépareillé,
Restif de la Bretonne, Les Nuits de Paris,avec la fausse indication : à Londres 1788. Tome second, troisième partie, in-12
C'est la première impression en deux volumes, Restif compléta cet ouvrage en 1790 et 1794.
Reliure 1/2 percaline à coin, très défaichie. De larges mouillures partant de l'extérieur vers le centre.
Pièce de titre au dos presque illisibles, certaines sont manquante ou effacées.
Qui voudrait acheter après cette description ce livre ? (qui n'est à vendre à aucun prix)
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Le dos en toile avec des pièces de titre en basane. Celle du bas était certainement un numéro d'identification de bibliothèque
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Le sceau sur le premier plat de couverture est presque effacé, mais indique la provenance de cet ouvrage.
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J'avais acheté ce livre il y a une trentaine d'année dans une librairie ancienne de la rue Vivienne. Amoureux de Restif depuis toujours, je n'ai pas hésité une seconde, mais, je ne me souviens pas du prix qui était assez élévé pour un ouvrage dépareillé. L'odeur de brûlé qui imprégnait l'ouvrage m'avait fortement intrigué, et conduit à chercher à en identifier la provenance.
Ma surprise fut très grande, quand un expert de littérature moderne m'apprit que le tampon figurant sur la page de titre était celui de la bibliothèque de Berlin et que le sceau appartenait au Reischtad !!!!
Comment ce livre nous est-il parvenu ? L'incendie du Reischtad provoqué par un anarchiste (contesté par certains historiens) Hollandais Marinus van der Lubbe dans la nuit du 27 au 28 février 1933, quelques jours après la nomination d'Adolphe Hitler, ce qui permit de promulguer le Reichstagsbrandverordnung, c'est-à-dire la suppression de toutes les liberté individuelles et donna les pleins pouvoirs au parti nazi.
Van der Lubbe fut guillotiné le 10 janvier 1934.
Je suis le seul aujourd'hui à sentir cette odeur de roussi, mon odorat n'est pas des meilleurs, sans doute l'imprégnation est-elle imaginaire !