Tout le monde à les yeux de Chimène (pas Badi, l’autre, celle du Cid) pour l’avocat noir américain Barak Obama. D’Ophrah Winfrey à la crême d’Hollywood, les intellos et médiatiques US n’ont plus que son nom à la bouche, persuadés que “Change, we believe in”.
Vainqueur du Caucus de l’Iowa, défait dans le New-Hampshire, le black le plus connu d’Amérique après Michael Jordan est-il pour autant en voie de gagner, d’abord l’investiture démocrate et ensuite la course à la présidence? Rien n’est moins sûr.
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Dans un conte de fée l’ami barak serait parfaitement à sa place. Pourtant, manque de bol, l’Amérique n’est pas le le continent des abeilles qui butinent et des fleurs qui sentent bon.
La vision européenne des Etats-unis paraît ainsi assez nettement floutée par deux séries de lentilles déformantes. La première d’entre elle pousse le quidam à voir les EU comme un nid de pouilleux guerriers vatenguerre (oui tout attaché!), la seconde comme une grande nation économique. Il n’est pas ou peu possible de définir un vote infra-étatique tant les grandes villes sont différentes des campagnes. Le vote de la présidentielle 2004 est à ce point caricatural qu’il laisse pantois. Les campagnes sont républicaines (en rouge) et les zones urbaines démocrates (bleues) comme le montre la carte ci-dessous.
Le système US de sélection qui mixe primaires, caucus, sélection ouverte et fermée est des plus compliqué. Autre joyeuseté de ce système, La Floride, ne pourra pas envoyer de délégués à la convention démocrate en raison d’une date de primaire trop précoce pour les candidats. Si l’on achève le tour d’horizon par un détail des états attribuant les délégués à la proportionnelle ou au winner-takes-it-all, nous avons une mosaïque de réglementation qui rend totalement abscons toute tentative de prévision avant au minimum le super friday, programmé le 5 février.
Ce jous là, près de 23 états se prononceront dont les gigantesques Californie et Etat de NY. Le vainqueur du jour pèsera si lourd que l’on voit mal comment le perdant ou la perdante pourrait renverser la vapeur.
Barak a t-il encore une chance de l’emporter est une question qui reste sans réponse. Deux facteurs au moins sont à avancer pour expliquer cette hésitation, qui devrait être celle des commentateurs un peu prudents.
Tout d’abord le manque de profilage cohérent dans les votants. Si les jeunes (<29 ans) semblent acquis à Obama comme la grande majorité noire, il est ensuite difficile de trouver une profil type qui permettrait de tirer des conclusions définitives des deux seuls consultations menées au jour d’aujourd’hui. Hilary semble accaparer les votent des couples relativement agés, ce qui s’explique clairement par l’accent volontariste enmatière sociale de la candidate mariée à Bill (défaut de plus en plus important des systèmes de retraite basés sur la capitalisation employeur puis individuelle, relayé par le système fédéral), ainsi que les bas revenus.
Barak semble bel et bien le candidat des bobos US, noirs ou blancs, relativement aisés et titulaires de diplômes de l’enseignement supérieur. Autrement dit, la population des villes US, les grandes , du moins leur coeur.
La dernière question, probablement la plus importante est celle de l’ouverture des américains. Tout comme Paris a porté un homosexuel à sa tête en 2001, les villes plus progressistes et ses habitants se verraient bien avec un avaocat noir dans le bureau ovale. C’est oublier un peu vite la ruralité et la rusticité toujours bien vivace de l’amérique profonde. Ceux qui ont eu le loisir de quitter les périphéries des grandes métropoles US pour s’aventurer dans les petites villes dignes d’une série B, savent que la mentalité n’est pas forcément à un saut social vers l’avant des plus bondissant.
La société US est-elle prête pour un noir? Rien n’est moins sûr. Si Los Angeles à pu élire un maire noir, Tom Bradley en 1973 puis un maire latinos, Antonio Villaraigosa depuis 2005 rein ne prouve que les Etats de la bible belt sont assez open-minded pour franchir le pas.
Le risque est cependant grand pour le parti démocrate de suivre la voie tracée par Ségolène Royal. Propulsée au somment des polls par la ferveur politique, influençant de façon majeure la perception des militants, elle s’écroulera ensuite devant la réalité de la campagne.
Barak Obama est-il plus que le rêve un peu fou d’une poignée de bobos démocrates? Je n’en mettrait pas ma main à couper.
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