Le cas Sonderberg est sinon différent des autres livres de Wiesel , un cas intéressant. Comme à son habitude l'auteur est traversé par la culpabilité, peut-on être coupable et à la fois non-coupable des autres? Sans faire de résumé de ce livre, je dirais que Sonderberg est à la fois le double et à la fois l'opposé des autres héros. Les narrations se mêlent, sans que pour autant le lecteur soit perdu, et pour cela, ce livre reste accroché au-dessus des mémoires.
Quelques pages plus tard, on se demande encore qui est le vrai coupable. Le nazis, son fils, son petit fils. Qui est le cancer qui ne porte pas de nom? Ces images traversent, mutilent l'écriture de sa poésie. Parce qu'à 80 ans, on a encore plein d'angoisses irrésolues, et de questions en suspend, on a encore la patience de tout mettre en mots et en couleurs pour tenter d'apporter des réponses. Eliezer Wiesel est l'un de ses prix Nobel de la paix qui offre encore aujourd'hui au monde l'humilité des grands hommes.
Hanté par les démons des camps, il n'en fait pas pour autant une réécriture simplifiée, il tente d'expliquer la Tragédie, de lui donner un sens moral (certes cela à déjà été fait, mais là c'est différent) qui s'applique aussi bien au conflit Israélo-palestinien qu'à des conflits plus anciens.
La vie donnée comme pendant de la mort, la vie prise entre deux états: naissance et décès, la vie juste pour ce qu'elle est: Wiesel la chante comme jamais: dans ces contradictions.