Revendre ses cadeaux
Je ne trouve pas normal de vendre un cadeau. Je suis contre cette idée. Un cadeau, c'est un cadeau, ça se garde ! Le vendre fait insulte à la personne qui l'a offert... Un avis partagé par les revendeurs eux-mêmes. Un tiers d'entre eux reconnaissent qu'ils se sentiraient blessés si quelqu'un vendait en ligne un cadeau offert par eux.
Depuis deux ans, la revente des cadeaux de Noël sur internet se généralise et devient un phénomène usuel. La nécessité serait la première motivation des internautes.
Une hausse spectaculaire des objets mis en ligne dès la nuit du réveillon de Noël : c'est le constat d'eBay et d'autres sites de vente sur internet. Non-désirés ou inutiles, les cadeaux à peine sortis de la hotte transitent sur la toile pour changer de main... moyennant finances. Trio de tête de ces offrandes « réorientées » : livres, DVD et jeux vidéo.
Inexistant il y a trois ans, le phénomène se généralise depuis 2008. Plus de 4 millions d'internautes auraient mis des cadeaux en ligne en 2009. L'augmentation annoncée à Noël 2010 par les sites de vente avoisinerait 30 %.
Un phénomène de crise
Difficile de cerner la motivation réelle des vendeurs : selon un sondage Sofres, ils jouiraient plutôt d'une bonne situation sociale. Pourtant 6 sur 10 d'entre eux disent revendre leurs cadeaux non pour en acheter d'autres mais pour couvrir des frais de nécessité. « Les gens revendent parce qu'ils ont besoin d'argent », souligne Eric Astorgis, directeur de Easy Cash à Lescar.
« Je pense qu'à peu près 15 000 personnes, c'est-à-dire 10 % de la population de l'agglomération paloise, vient vendre des objets aux magasins cash (1). L'après-Noël n'est pas la période la plus forte. C'est à l'automne, pour payer l'impôt sur le revenu et les taxes, que les gens se séparent le plus de leurs biens. La valeur des objets peut aller de 3 à 1 800 euros et toutes les couches de la population sont concernées. »
Du côté de Cash 31, la période post-Noël, sans être la meilleure, fait partie des temps forts de l'année : « Nous enregistrons une progression d'un tiers d'objets en plus en vente entre Noël et le 15 janvier, mais c'est un flux classique et il n'y a pas de hausse spectaculaire à ce jour », explique Arnaud Larousse.
« Je peux comprendre que la situation financière de certains les pousse à revendre leurs cadeaux », déclare une mère de famille paloise accompagnée de ses deux filles... tout en ajoutant : « Personnellement, quand un cadeau ne me convient pas, je le conserve quand même, ou bien je le réoffre à quelqu'un à qui il fera plaisir. »
Même tolérance de la part d'un passant quadragénaire venant de Dax : « Cela ne me choque absolument pas que l'on revende ce dont on n'a pas besoin. Je le comprends très bien. » Car, et l'argument est récurrent, un cadeau appartient bel et bien à celui qui le reçoit. Donc libre à lui d'en user à sa guise.
Autant qu'un cadeau serve à quelque chose... plutôt qu'à rien Le plus honnête serait de changer le cadeau contre un autre, en demandant très simplement à la personne qui l'a offert le ticket de caisse.
Cindy
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