J'ai lu il y a déjà quelques semaines le Manuel de Guerilla à l'Usage des Femmes, écrit par Sylvie Brunel, l'ex-Madame Eric Besson. J'aimerais écrire, Sylvie Brunel tout court. Mais je ne peux, ce serait trahir l'essence du livre. D'un cas particulier, son histoire personnelle de femme bafouée, plantée, laissée sur le bord de la route, elle tente d'extrapoler et d'en titrer des leçons de vie générales à l'usage des femmes. De son aventure personnelle on s'attriste un peu. La femme quadragénaire que son époux, viscéralement infidèle plante pour une jeunette, c'est un destin que nous décrivent à longueur de pages, de colonnes te d'année les magazines féminins, rubrique témoignage. Les mecs, le dard au vent, la testostérone innondant le corps, les connexions cérébrales parasitées par les signaux venant de dessous la ceinture, sont des salauds. Postulat de base. A la limite du cliché. Dans lequel se vautre Sylvie Brunel, femme blessée. Femme blessée, mais tentant malgré tout de nous faire savoir que son ex n'est pas le Ganelon que l'on s'est empressé de voir en lui lors de sa spectaculaire conversion au Sarkozysme. Point de faiblesse fondamental du livre.Vengeance, certes, mais pas tant que ça. Parce qu'on a eu une vie commune, une histoire commune, des enfants... On n'est plus chez la féministe enragée, mais chez Harlequin. Sylvie Brunel, femme vexée mais magnanime. Et la guerilla dans tout ça? Euh...Elle n'est que dans le titre. C'est vendeur ça, coco a dû dire l'éditeur.
Autre destin de femme autrement plus intéressant, car ne cherchant ni vengeance, ni réhabilitation. Un témoignage. En avant, route! d'Alix de Saint-André. Une femme quadra qui conte ses trois pélerinages à Saint Jacques de Compostelle. Je vous vois venir... Pélerinage. Ca sent le prosélytisme, le catho boy-scout suant des dessous de bras. Que nenni. C'est drôle, frais, spirituel. C'est une plongée non dans la spiritualité, mais dans une aventure humaine d'abord. Marcher vers Compostelle, se taper 1 000 kilomètres à pieds, être confronté à la faim, aux tendinites, aux intempéries. Aller à la rencontre au hasard de la route de pèlerins aux motivations variées, voeux, exploits, plaisir... La Foi est là, mais n'est pas indispensable. N'est pas le pré-requis à un chemin vers Compostelle réussi. Alix de Saint-André raconte ses trois pélerinages, tous différents, une expérience acquise au fil de la route. Il y a des emmerdeurs, des ânes, des étrangers, des "qui ont la Foi", des "qui ne l'ont pas", de tout, prêt à partager les gites d'étapes dans les effluves de chaussettes sales sur fond de ronflements. Un livre frais. Un régal.
Enjoy!