Aux Nations-Unis, l'Assemblée générale a rétabli la référence à l'orientation sexuelle dans sa résolution s'opposant aux exécutions arbitraires des groupes minoritaires, supprimé sur proposition de pays arabes et africains.
Après un débat tumultueux, l'amendement a été voté le 21 décembre 2010 avec 93 voix pour, 55 contre et 27 abstentions, soit une majorité plus franche que celle qui avait permis la suppression de la référence en novembre.
Lors des discussions, le Zimbabwe s’est fait remarquer par un discours homophobe en déclarant "Nous ne pouvons pas être d'accord, d'autant plus que cela signifie accepter des pratiques comme la bestialité, la pédophilie et d'autres pratiques odieuses".
Cependant, le Groupe des États Africains, celui des États arabes ainsi que l'Organisation de la Conférence Islamique ont affirmé leur attachement à la protection des droits de l'Homme et à la résolution.
Cette dernière a ensuite été votée sans aucun vote contre.
La référence à l'orientation sexuelle a été incluse dans la résolution biennale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et exécutions arbitraires depuis 1999.
Mais en novembre 2010, suite à l'introduction d'un amendement du Bénin au nom des pays africains lors d'une réunion de la Troisième Commission, qui traite des questions relatives aux droits de l'Homme, la mention explicite avait été supprimée et remplacée par une référence plus générale aux "motifs discriminatoires sur toute autre base".
La Finlande, la France et la Suisse, en particulier, avaient regretté que la discrimination fondée sur la préférence sexuelle ne soit pas explicitement mentionnée cette année.
Après plusieurs semaines de tractations et de lobbying, les États membres de l'ONU ont finalement approuvé un amendement présenté par les États-Unis rétablissant la référence supprimée.
Mark Kornblau, porte-parole de la Mission des États-Unis à l'Organisation des Nations Unies, a confié "Nous avons travaillé intensément avec nos alliés et partenaires pour faire en sorte de gagner ce vote".
Susan E. Rice, l'ambassadeur américain aux Nations Unies, dans un discours prononcé lors de la Journée sur les droits de l'Homme, il y a moins de deux semaines, s'était dite "furieuse" de cette régression et avait promis que les États-Unis travailleraient à rétablir la référence à l'orientation sexuelle dans la résolution.
Ses remarques ont été soutenues par un discours prononcé par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU dans laquelle il a plaidé avec force contre la criminalisation de l'homosexualité.
L'International Gay & Lesbian Human Rights Commission (IGLRHC) a fait un travail de sensibilisation auprès d'environ 20 gouvernements, y compris les Caraïbes, les îles du Pacifique et en Afrique.
L'un des responsables de l'organisation internationale LGBT a déclaré "Les droits des LGBT sont utilisés comme un enjeu politique au niveau national".
Le vote de l'Assemblée générale des Nations-Unies a été salué par les associations LGBT ainsi que par les États eux-mêmes.
L'organisation Human Rights Watch s'est déclarée "soulagée par le résultat du vote" et par le fait que "les États qui ont essayé de reculer en matière de protection des droits gays et lesbiens ont été mis en échec".
Susan E. Rice, dont l’engagement a permis ce vote positif, souligne que "l’ONU a envoyé un message clair et retentissant: la justice et les droits de l'homme s'appliquent à tous les individus, quelle que soit leur orientation sexuelle".
Le Centre LGBT Paris Ile-de-France a qualifié ce vote de "belle victoire" et ajoute que le motif d'identité de genre devrait aussi être inscrit à la résolution sur les exécutions arbitraires.
L'enjeu était de taille, car bien que les résolutions des Nations Unies ne soient pas juridiquement contraignantes, elles envoient un message fort.
Mais la bataille est loin d'être fini. Il faut en effet agir sur la réalité de ce qui se passe dans ces pays où l'homosexualité est pénalisé de longues peines de prison et même de mort.
Ce qu'il faudrait aussi c'est pouvoir déférer devant la Justice internationale, pour crimes contre l'humanité, les responsables assassins de ces pays.
Seigneur, impose la Justice.