Harry Potter, écrit par une chômeuse mère de famille dans les pubs (parce qu’ils étaient chauffés), c’est magique…
Il y a de la fantaisie, des qualités humaines, des caractères, de l’intrigue. C’est très bien fait, très anglais, ce qui veut dire exotique pour nous français. Dans la même veine que le « Seigneur des anneaux » en plus actuel.
Harry, onze ans dans le premier tome, un an de plus à chaque volume, est scolarisé dans un collège de sorciers, un peuple « parallèle » à notre réalité. Où l’on découvre de quoi se nourrissent les Scrolls à pétard et que « troll » est la pire insulte pour une fille. Le message est subversif contre notre société vue par une exclue. Le nom du héros, par exemple, est un concentré de déviance : Harry est le diminutif d’Henri, mais il n’est pas connoté comme notre bon Henri IV de la poule au pot - il signifie pour les Anglais le diable, en référence à Henri VIII (Old Harry) ! Potter lui-même, banal potier, veut dire quand il est verbe (to potter) bricoler ou flâner, en bref ne travailler qu’en dilettante.
Pied de nez à la société tout-finance des années 2000, les romans prônent le retour à la bonne vieille magie antique et aux vertus classiques. Collège anglais dans les fins fonds écossais avec château gothique, forêt profonde et neige à Noël, Poudlard forme le caractère plus que l’intellect :
- Être bon dans une équipe compte plus que réussir tout seul face à sa copie.
- Il est nécessaire de travailler avec les autres, pas tout seul, ni seulement sur la théorie.
- Le courage est la vertu exigée des jeunes Anglais.
- L’intelligence, réclamée aux jeunes Français, ne vient qu’en second, plus tournée vers la pratique (le bon sens et la ruse plus que la spéculation abstraite).
- La fidélité en amitié est plus précieuse que l’apparence physique ou l’origine.
- On ne récompense jamais le délateur, même pour « bons » motifs (comme chez nos profs qui encouragent le « j’vais l’dire à la maitresse »). Mais plutôt la camaraderie et l’honneur.
Chaque aventure est une épreuve que le héros doit surmonter pour réanimer le Bien contre les forces du Mal. Cela entre deux cours pragmatiques de Divination (soporifique), de Potions et Poisons (astucieux), de Résistance aux forces maléfiques (utile), d’Histoire des sorciers (indispensable) et d’élevage des bêtes magiques (hum).
Plusieurs films en ont été tirés avec le jeune Daniel Radcliffe, qui grandit avec les aventures. L’avant-dernier film vient de sortir, le suivant sortira avant l’été prochain. Le héros est désormais majeur et l’on dit qu’il va enfin se montrer torse nu et sauter sa copine – comme dans la vraie vie, quoi.
J’ai toujours préféré les livres aux films car ils ne brident pas l’imagination. Le Gamin aussi. Mais il faut avouer que les décors et les effets spéciaux des films rendent bien l’atmosphère un peu folle et féérique des histoires. Et que les acteurs sont diablement sympathiques.
Pour moi, ces films ont l’âge du gamin. Harry Potter a grandi avec lui, a changé avec lui, découvrant les amis, les adversités et les amours en même temps que lui. Revoir ces films, c’est me replonger dans son enfance et adolescence, le voir se métamorphoser, s’élancer, mûrir. Cela me touche profondément.
Harry Potter, les 10-12 ans en raffolent ; les adultes lettrés apprécient. J’en suis.
Joanne Rowling, Harry Potter (6 volumes), Gallimard Jeunesse :
tome 1 L’Ecole des sorciers
tome 2 La chambre des secrets
tome 3 Le prisonnier d’Azkaban
tome 4 La coupe de feu
tome 5 L’ordre du Phénix
tome 6 Le prince de sang mêlé
tome 7 Les reliques de la mort