A mesure que la guerre d’Algérie délie les langues et les objectifs, les créateurs s’approprient le fait historique avec une liberté de plus en plus grande. Au point parfois de n’en conserver qu’une parcelle pour imaginer une œuvre à part entière, construire un cadre au cœur d’une réalité.
Hugues Martin et Sandra Martin filment ainsi l’aventure d’un commando français à la recherche d’un avion d’Etat Major, perdu dans le désert. L’équipe formée au petit bonheur la chance (un des appelés est venu là pour faire un reportage) repère très vite la carlingue enfoncée dans le sable.
Tout semble ainsi réglé quand des rebelles algériens contraint l’expédition à se replier dans un village, où les choses vont rapidement dégénérées. A l’image d’un scénario et d’une caméra partis sur les traces d’un film d’aventures, sinon de guerre, et qui plonge dans un monde fantastique, où la logique n’a plus lieu d’être.
Une mise en scène convenue, un peu cliché
Elle échappe au contrôle militaire qui après avoir mis la population au pas, se voit supplanter par un comportement irrationnel de la part des soldats. Le malaise ressenti en arrivant dans le village, face à une population essentiellement féminine et hostile, s’alourdit devant les rêves fantasmagoriques, qui peuplent leur sommeil.
Ces hallucinations le reporter cinéaste les avait déjà ressenties au cours de son périple maghrébin (des images d’explosion lui reviennent constamment en tête) et les révélations de la gardienne du hameau confirment ses appréhensions. Tout le monde ici est appelé à mourir. Qu’importe le mode, puisque avant l’agonie, ils seront torturés moralement par un passé douloureux que leur renvoie quelques rebelles algériens , capturés par le plus grand des hasard.
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Pour l’un, militaire de carrière et tête brûlée, ce sont les prisons en bambou de la guerre d’Indochine. Pour un autre le remord d’avoir tué un camarade de régiment qui le menaçait d’un revolver … Les djinns le lui avaient ordonné, les djinns oeuvraient dans l’ombre et les cerveaux. Il ne faut jamais réveiller les djinns.
Je n’ai pas très bien compris ce que cherchaient à nous dire les deux réalisateurs dans cette vision hallucinante d’un conflit, dont le véritable cauchemar, me semble-t-il, était bien ailleurs. Pour parler de la guerre d’Algérie, la démonstration est un peu vaine, malgré l’intrigue tissée autour du reporter et de cette mallette « secret défense » retrouvée au cœur de l’épave, dont le capitaine ne veut pas se départir.
Mais il faut leur reconnaître une certaine originalité dans l’approche de cette guerre, si non dans celle d’une mise en scène convenue, notamment dans les affrontements psychologiques ,très approximatives. Les comédiens ont l’air parfois de se demander ce qu’ils font, ce qu’ils doivent faire et le sens de leurs paroles. Grégoire Leprince-Ringuet , Thierry Frémont et surtout Saïd Taghmaoui dans la peau d’un ancien légionnaire, revenu dans son pays, participent tant bien que mal au sauvetage d’une entreprise beaucoup trop ambitieuse, me semble-t-il pour ce jeune couple de cinéastes. Les esprits maléfiques du désert les ont aussi frappés. On les appelle les djinns…Cyril Raffaelli , Stéphane Debac , Thierry Frémont, bien égarés dans une histoire qui leur échappe
Les bonus
Un making of, plutôt classique : plusieurs séquences de tournage nous sont dévoilées.
Des scènes coupées
Un chapitre beaucoup plus intéressant, puisqu’il nous révèle notamment une autre intrigue écrite sur le scénario et qui n’a pas été retenue au montage. Elle vise le frère de Kamel (Saïd Taghmaoui), et plusieurs personnages qui ainsi ont disparu de l’écran. La séquence « La vengeance » est très étonnante.