Le Paul Butler en question, il est allé passer quelques temps en Amazonie avec son pote Devendra Banhart. Probablement fort de quelques substances indiennes, Paul y a co-produit le What Will We Be de son ami. Mais il y a aussi consolidé ses premières aptitudes à la bossa nova et à la samba, en témoigne le morceau final de ce disque, les cinq minutes instrumentales et bouillantes de "Gaia". Paul Butler n’y construit rien d’autre qu’un moment dément de samba mariachi qui rencontre la guitare de Crosby Stills & Nash et leur "Darkstar". Voilà comment The Bees considère un gros final. Rares sont les groupes à se permettre ça sur un disque à priori estampillé rock indé. C’est la force de ce groupe (et peut-être aussi sa faiblesse à la réussite), insuffler un vent chaud venu de pays où écouter du reggae, du dub, du funk n’est pas une tare. Et cette musique en ressort grandie.
Si rien ne se ressemble vraiment sur ce disque (et comme sur tous les autres de leur discographie), on dégage quand même quelques habitudes : une guitare ou deux guitares acoustiques, des harmonies vocales, un coup d’orgue, et surtout ces percussions mixées très en fond. L’impression est aérienne, chaleureuse, et profondément laid-back, dans un genre Simon & Garfunkel. Comme pour les Kinks, l’après-midi y est ensoleillé. Mais ceci n’est qu’une base, et les surprises sont nombreuses. Un voyage dans l’inconnu.
Les plus flagrantes, elles sont au début. "I really need love". Une déclaration au public ? Du genre : "Mais c’est pas possible, comment pouvez-vous m’ignorer à ce point ?" (très peu de chroniques en français sur le net à ce jour). Deux accords, un sitar, une intonation gospel et c’est parti, classique instantané ! Plein de soul et de classe. Puis "Winter rose" dont on a parlé plus haut. Un sommet. Des quelques notes introductives de guitare jusqu’au dub implacable de la suite. Un style indéfinissable qui plairait à Nova, à base de cuivres, de voix et d’effets venus d’ailleurs. La version de Nicolas Jarr est elle aussi un bijou.
Comme si ça ne suffisait pas ils ont mis "Silver line" après, un single pastoral que ne renieraient pas les Monkees. La mélodie y est encore une fois extrêmement accrocheuse. Quant à "Skill of the man", c’est cool comme du Beta Band, et "Pressure makes me lazy", trippé comme un bon Animal Collective.
En bref : sans doute un sommet de plus pour le groupe anti conformiste The Bees (A Band Of Bees aux USA !?!), chaque titre de Every Step’s A Yes vaut son pesant d’or. De la première à la dixième écoute ce disque est un régal. Du groove, des singles en veux-tu en voilà, une vraie passion de la musique, si je pouvais voter à nouveau pour 2010, je ne ferais pas deux fois la même erreur, et je consacrerais à The Bees la place qu’ils méritent.
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Le Myspace
Les trois premiers titres de l'album, à vous d'écouter la suite :