L’avare rayon sème d’une once froide
La lumière dans l’humide forêt.
Et moi, je porte en mon cœur lentement
Comme un oiseau gris, la tristesse.
Que puis-je faire d’un oiseau blessé ?
Le firmament se tait, se fige.
Du clocher cerné de brouillard,
On aura dérobé les cloches.
Et la muette, l’orpheline
Altitude à présent se dresse
Comme une blanche tour déserte
Où sont la brume et le silence.
Le matin, insondable de tendresse,
La demi-conscience et le demi-sommeil
Et l’oubli inassouvi,
Des pensées le brumeux carillon…
(Ossip Mandelstam)