Qu’est-ce qui fait l’âme si mélodieuse
Et qu’il y a si peu de noms chéris,
Et que le rythme fugitif n’est qu’un hasard,
Qu’un souffle inattendu de l’Aquilon ?
Il soulève la poussière en nuage,
Fait frissonner les feuilles de papier
Et ne reviendra plus jamais, ou bien
Il reviendra tout à fait différent.
Ô toi, le large vent d’Orphée,
Tu t’en iras vers les contrées marines !
Chérissant le monde incréé,
J’oubliai l’inutile « moi ».
Je m’égarai dans un bois miniature
Et découvris une grotte azurée…
Est-il vrai que je suis réel
Et que la mort réellement viendra ?
(Ossip Mandelstam)