Le coquillage (Ossip Mandelstam)

Par Arbrealettres


Le coquillage

Peut-être te suis-je inutile,
Nuit; de l’abîme universel
Je suis sur ta rive jeté
Comme un coquillage sans perle.

Ta vague indifférente bat,
Et tu chantes, inconciliable;
Mais tu aimeras, tu apprécieras
Le mensonge de l’inutile coquillage.

Tu vas revêtir ta chasuble,
T’étendre sur le sable auprès de lui,
Y nouer avec des liens indissolubles
La cloche énorme des roulis.

Et le coquillage fragile
Tu vas l’emplir d’un murmure d’écume,
Comme la maison d’un coeur inhabité,
Et de vent, et de pluie, et de brume…

(Ossip Mandelstam)


Illustration: Sabin Balasa