C'est sans aucun doute LE geste rugbystique de l'année 2010.
La parfaite maîtrise de cette technique, combinée à l'assimilation impeccable des nouvelles interprétations des règles y afférentes ont incontestablement rendu les équipes de l'hémisphère Sud encore plus dominatrices cette saison.
Le ruck est en effet devenu, plus encore qu'hier, une phase de jeu clé du rugby moderne. Grâce à des techniques individuelles très travaillées (les fameux "skills") et une application sans faille des schémas collectifs en la matière, les joueurs des franchises du Super14 et des équipes nationales des Tri-Nations sont capables de tirer de grands bénéfices des rucks offensifs comme défensifs.
Sur le plan offensif, le ruck tel qu'il est pratiqué par les meilleures formations a pour effet de fixer un nombre significatif d'adversaires tout en "consommant" très peu d'attaquants. Il était très impressionnant de voir, lors des tests de novembre, deux joueurs Australiens seulement au soutien de leur coéquipier plaqué. De surcroît, la rapidité d'exécution observée dans cette phase permet au ballon d'être rapidement éjecté, favorisant la la fluidité de l'attaque tout en perturbant les lignes défensives.
Sur le plan défensif, la qualité technique des joueurs de l'hémisphère sud s'observe à la fois en amont du ruck, et pendant celui-ci. En amont, le plaquage est souvent réalisé de manière à ralentir la libération du ballon et/ou faciliter le grattage de celui-ci par un des plaqueurs ou par un soutien. Pendant la phase de ruck, la sortie de balle est systématiquement ralentie et les turn-over sont nombreux et offrent autant d'occasions de contre-attaquer.
Lorsqu'on sait l'importance du nombre d'essais inscrits suite à ces turn-over, on comprend tout l'intérêt qu'il y a à investir dans un bagage technique ad hoc.
Dans l'hémisphère nord, rares sont les équipes à afficher une maîtrise vraiment satisfaisante en la matière. On citera le Stade Toulousain et le Leinster qui ont démontré lors des premières journées de H Cup qu'ils disposaient d'un temps d'avance sur leurs adversaires. D'une manière générale, les franchises Celtes ont répondu très positivement à l'évolution de l'interprétation des règles sur les rucks, aidées en cela par un arbitrage anglo-saxon que les spécialistes s'accordent à trouver plus cohérent sur ce point que celui pratiqué en Top14.
Sans jeter l'opprobre sur les arbitres (ce ne sont pas eux qui définissent les entraînements des joueurs du championnat de France), il faut reconnaître que ce point devra rapidement évoluer si l'on veut éviter que le retard des clubs ne s'accumule pour devenir rédhibitoire.
Pour le moment, les enfants du ruck, nourris dès le collège aux techniques les plus efficaces, sont surtout vêtus des tuniques noires, or et vertes. On aimerait bien que les nôtres assimilent ces techniques "rapido"...