Plus je suis enfermée et plus mon esprit vagabonde. Dans un compartiment de train par exemple, assise inconfortablement pendant cinq heures, je voyage dans plusieurs vies. Je fixe une maison et j'imagine ma vie à l'intérieur. Je ne choisis pas toujours les plus grandes maisons, mais au contaire, souvent celles avec un petit jardin en chantier, ou celles avec une cour de ferme, celles isolées, celles collées à la voie ferrée. Je me demande souvent quelle femme je serais devenue si j'avais épousé Bruno, ou Dany, ou Clément. Si je n'avais pas inventé le Mood kit. Si j'avais eu deux enfants.
J'aime bien le moment où je tente de m'endormir en emportant un rêve. J'aime bien regarder par la fenêtre ceux qui ne me connaissent pas, et qui ne s'imaginent pas que, dans le train qui passe, il y a une fille qui rêve de vivre chez eux. Une fois, dans une soirée, un garçon est venu me voir et m'a dit : "Je te reconnais ! tu es la fille du 80" ce qui en langage parisien voulait dire que il y a vingt ans de cela, je prenais le bus 80 pour aller au collège, et qu'apparamment j'avais longtemps nourri les fantasmes de ce garçon dont j'avais partagé son trajet et ses rêves d'adolescents.
Avez-vous des refuges secrets ? des fantasmes lointains ? des vies imaginaires qui reviennent parfois à la lisière de votre coonscience ?
photo de www.lauraoliviabaker.com