TEXTE.
ce qui m’émeut
ce n’est pas tant
la beauté,
presque désemparée de vos yeux,
ni vos lèvres qui
rachètent tous mes blasphèmes
ni votre âme,
parée du rituel des fièvres
ni votre
humour fantasque
qui disculpe
l’audacieuse tristesse
ni encore
cette intelligence gracile
au confluent
des continents du savoir
ni les promesses
de ces mains qui dorlotent
un cœur
trop ébloui
par la nuit
ni la traversée
de mes plaies
dans vos veines
ni le don de
vos sens
à un mécréant
ni les vertus
de votre dénuement
ni encore
parce que vous
êtes
la mère de mes enfances
mais
abolissons
donc les cadastres
de l’usage poétique
j’ai
depuis longtemps
épuisé
toutes les métaphores
abolissons donc
le langage
les mots et le silence
abolissons
les vantardises
de
la parole écarlate
car ce qui m’émeut
c’est
que je vous aime