C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris ce lundi le décès de l'acteur Bernard-Pierre Donnadieu, âgé seulement de 61
ans.
Cet ancien ouvrier spécialisé, accidenté alors qu’il travaillait pour payer ses études de lettres et de théâtre, était un
révolté qui n’hésitait pas à s’engager. Il a souvent incarné au cinéma des rôles de brutes, de malfrats, de criminels ou de subversifs - et c'est l'honneur de l'art que de savoir peindre les
bons, comme les mauvais. Claude Lelouch, Roman Polanski, Jean-Jacques Annaud ou Patrice Chéreau l'ont fait jouer admirablement dans leurs films et sa carrière fut également importante au
théâtre et - on le sait moins - dans le doublage de film, où il fut la voix magnifique de nombreux personnages de dessins animés populaires du papa de Little Chicken à Doc Hudson dans
Cars.
J'avais rencontré à Lille Bernard-Pierre Donnadieu sur le tournage de Roger Salengro, Exécution d'un ministre. A travers ce
film, l'acteur montrait qu'il n'aimait pas seulement peindre la dureté de la vie et de ses personnages, mais aussi le courage et l'engagement en politique. On lui doit d'ailleurs également de
belles interprétations de Jean Jaurès ou de Jean Monnet à la télévision.
Bernard-Pierre Donnadieu n'était pas seulement un «auxiliaire» du cinéma français - comme il se nommait dans le rôle de
l'inspecteur «auxiliaire» Farges aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans Le Professionnel en 1981 -, mais en son cœur.
Martine Aubry
Photo : France 2/Gilles Scarella