Pour tous ceux – dont je suis – qui ne savent pas exactement quoi penser des récentes Assises Internationales sur l’Islamisation, je conseille la lecture de plusieurs éditos édifiants qui expriment des points de vue variés. Quand je dis que je ne sais pas quoi en penser, c’est que je me méfie des alliances trop disparates pour pouvoir faire émerger un fond idéologique cohérent. Mais je suis très heureux qu’elles aient pu se tenir, et que ceux qui y ont pris la parole aient pu le faire. Je redis ici ma proximité de position avec Oskar Freysinger, par exemple.
Bernard Henri-Levy assimile dans un édito du Point les organisateurs à un regroupement de néonazis et d’ultra-laïcs. Excessif, et affichant une position de principe qui cache mal une méconnaissance du dossier. Il semble penser que les attaques contre l’islam (l’idéologie) visent les musulmans (les gens), et ce grossier amalgame, sous la plume d’un philosophe, est assez alarmant : BHL ne sait-il donc pas que c’est le principal piège des radicaux islamiques que de vouloir faire passer la critique de l’islam pour du racisme ?
Elisabeth Levy souligne sur Causeur l’hétérogénéité des participants. Et trouve en substance que le défaut de ce rassemblement est ne pas donner la place aux musulmans modérés. Qu’il faudrait plus oeuvrer pour « Encourager l’islam qui s’acculture et décourager celui qui déculture. Soutenir l’imam de Drancy et virer ceux qui prêchent la haine. » D’accord avec ça, bien sûr. Je ne suis pas certain qu’Oskar Freysinger, ou les gens de Riposte Laïque, ne pensent la question qu’en terme choix entre « la valise ou la conversion ». Un brin caricatural, donc, mais infiniment plus juste que BHL. Elle était sur place, et c’est déjà une grosse différence dans la démarche.
Ivan Rioufol dénonce la pseudo contre-enquête de Libération sur les prières musulmanes dans la rue. Je renvoie les lecteurs à la seule vraie enquête menée pour le moment (avec les images rapporté par Maxime Lépante) : Pourquoi prie-t-on dans la rue à Paris en 2010 ?. Il y cite Renaud Camus dont j’ai apprécié le discours aussi (même si je n’en partage pas tous les aspects). Rioufol était sur place aussi, et parle d’islamisation depuis longtemps déjà. Il connait les faits, et le dossier.
Guy Millière, pour finir, dont je partage entièrement l’analyse, sauf sur un point : je ne suis pas sûr que les effets des Assises soient uniquement contre-productifs. Je vous invite vraiment à le lire, car il rappelle ce qui devrait être le fond idéologique commun à tous ces résistants à l’islamisation : la défense des sociétés ouvertes.
Si je devais concevoir une issue, elle serait du côté d’un discours ouvert, dynamique, affirmant la nécessité de retrouver la liberté économique et politique, de se situer au delà de la faillite des Etats providence et de la construction européenne et de réaffirmer les valeurs des sociétés ouvertes, des droits de l’être humain et de l’égalité de droit, de la liberté d’entreprendre et de créer, la nécessité de refuser les dictatures et les totalitarismes et de se battre contre eux s’il le faut.
Ce discours tendrait la main aux musulmans désireux de s’intégrer au grand élan dessiné, en leur disant seulement que les « lourds bagages » régressifs venus d’un dogme bloqué depuis mille ans doivent être abandonnés car, comme me le disait mon ami Fereydoun Hoveyda, il n’ont pas leur place dans l’avion du vingt-et-unième siècle.
Il serait strictement intransigeant avec l’islam radical, bien sûr. Il prônerait une alliance de tous les hommes aspirant aux valeurs de liberté économique et politique, au respect des droits de l’être humain et de l’égalité de droit et au refus des dictatures et des totalitarismes.
Je ne rêve pas. Je crains que ce discours, en Europe, ne soit pas tenu. Je suis ouvert à toute initiative pour qu’il se tienne.
Qu’en pensez-vous ? Quel avis avez-vous sur l’islamisation ? Sur les Assises qui ont eu lieu ? Sur ces éditos ?
Article paru sur Expression Libre, membre du Reseau LHC.