Si vous résumez la censure aux notes poussiéreuses du temps de l'ORTF ou aux coups de fils maladroits de la galaxie Sarkozy vers Europe 1 et compagnie, vous n'y êtes pas, ou plus. L'interventionnisme médiatique ainsi que tous les leviers de lobby connaissent aujourd'hui une nouvelle jeunesse, d'autant que la censure tend à se fondre dans le faisceau des divers lobbies traversant la société et les médias. Ceci lui procure une nouvelle virginité. Faites le test autour de vous, le mot "censure" et fatigué, négatif et dépassé, alors que "lobby" est un terme anglophone, désignant une activité connue, légale, savamment organisée outre-atlantique, quelque peu désorganisée en France, mais bel et bien légale.
A ce propos, et pour en revenir au contrôle de l'information, on ne dit plus "censure" mais "gestion de la perception", comme on pourrait proposer "management des influences" pour le lobbying. Sauf que ce terme garde un capital positif et n'a donc nul besoin de subir un "trend washing" pour le rendre trendy et populaire.
La décennie tire à sa fin. On tirera tous les enseignements de ses faits et gestes, mais on ne saurait oublier qu'après que le service ait supplanté les produits, qu'Internet ait métamorphosé les médias, l'information pose aujourd'hui question et nous pousse dans nos retranchements. Bien malin qui, en 2011, saura définir ce que sera "une information libre et indépendante de toute forme d'influence" ! Peut-être inventera-t-on une nouvelle manière de cataloguer l'actualité. Chaque info, faute de se prétendre indépendante, disposerait de son "CV" détaillant ses degrés de liberté, les lobbbies qui la traversent, les influences de sa source et sa cible première ! Peut-être...