"V'nez vous mettre les pieds sous la table" ! Cette annonce tombe sur nos messageries respectives. Connaissant l'artiste, il vaut mieux répondre positivement, car il va nous mettre une pression énorme, sans nous laisser un pouce de laisse jusqu'à ce qu'on dise OUI. Il n'y aura pas trop à se forcer, car nous savons que les missiles seront de sortie. Fred est du genre à se lâcher, sans compter, jamais compter. Toujours avec cette envie de nous faire plaisir, il est généreux comme pas deux le loustic.
C'est donc en bande que la petite troupe de LPV Haute-Normandie prend la route, direction Fred's home pour une grande journée de dégustation. Il fait beau et c'est avec grand plaisir que nous retrouvons également l'ami Patrick Grisard qui en a profité pour bifurquer de sa route toute tracée vers la Belgique. Nous y retrouvons aussi Denis, éminent amateur qui nous vient de l'est de la France, de passage pour en Normandie pour quelques jours de vacances.
Les vins sont servis le plus souvent par paires. En attendant les quelques retardataires, une bouteille est ouverte, pour la curiosité.
La robe est bien colorée. Le nez présente une belle concentration des arômes, une pointe de noix. J'aime beaucoup cette bouche sirupeuse, avec encore un peu de gaz et des notes de tarte tatin. Le fond de verre rappel ouvertement le céleri. Ce n'est pas du vin, mais un Cidre de Glace, fait par Etienne et Jérôme Dupont (7,5 % d'alcool et 162 grammes de sucres résiduels). Très belle découverte, le normand que je suis apprécie !Allez zou, tout le monde est arrivé, on passe aux choses sérieuses !
Des bulles, des bulles, des bulles ! Le nez est serré, assez austère voir un peu fermé. Bouche incipide, presque quelconque, peu de choses s'extirpent du verre. Fred est déçu, nous sommes de son avis avec ce Champagne Gosset Brut Grande Réserve. C'est NON.
Nous entamons le rythme de croisière et les vins sont maintenant servis par paires et comme depuis le début, c'est à l'aveugle que ça se passe.
Fin et floral, avec des odeurs légères de sueurs, on sent un pointe d'oxydation et des effluves boisées. La bouche développe un beau volume, avec rondeur, du gras. Passé l'étape du bois, la minéralité et le côté salin font leur apparition.
Pour l'autre verre, on part volontiers sur du Sauvignon : c'est assez droit, on sent une belle tension avec des notes de poivron rouge. L'ensemble est simple mais agréable. Ma préférence d'un rien pour le premier vin qui est un Savennières 2007 du Clos de la Royauté. Le deuxième est un St Bris 2008 "les Temps Perdus" de Clothilde Davenne.
Le deuxième duos est servi. Minéral, droit, marqué citron. La bouche est fumé et propose encore une fois une ossature caillouteuse. Le vin ne manque pas d'acidité avec des notes lactées. Bien. Sur ce 2 ème vin, la fin de bouche est marquée par des amères poignants et une salinité prononcée. Bien également, mais je n'ai pas du tout reconnu une quelconque typicité avec ce Côtes du Jura "les Varrons" 2005 du domaine Labet. Le premier était un Rousette de Savoie 2004 (cépage Altesse) du Prieuré St Christophe d'un autre Grisard, mais Michel cette fois-ci.
Match nul !
Fred propose un match éclectique. Purée de pois cassés, petits pois au nez. C'est pas que c'est désagréable, mais c'est pour le moins surprenant. En bouche, passé un peu de gaz et quelques sucres résiduels, on ne s'étend avec des superlatifs, car le vin semble pour le moins fermé. Pour le challenger, la première bouteille a un petit défaut (bouchon). Du coup, Fred qui est remonté comme un coucou (faut pas l'énerver !) fait un aller et retour à la cave en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et saisi rageusement le tire bouchon. Là, c'est certain, faut pas l'emm.... ! Ouvert sur le champ d'honneur, le vin est globalement réduit (mercaptan). C'est seulement quelques heures plus tard, sur les fromages qu'il prendra une toute autre allure (fruits jaunes, bel élan, généreux avec des notes pétrolées). Dans l'ordre, ce match était un Coteaux du Loir Vieilles Vigne Eparses 2005 du domaine de Bellivière VS Sancerre Monts Damnés 1997 de Gérard Boulay.
Dernier duo de blancs. Les parfums au nez sont délicats, saupoudrés d'abricot et de lys. En bouche, le vin est totalement sec avec un magnifique équilibre matière/acidité. Il est porté par une matière sous-jacente, mais
sur la retenue. Millésime en phase de transition ? En tout cas, la finale est longue, avec un très beau grillé et un caillou omni présent. Très bien et encore plus dans quelques années. Face à lui, on a affaire à un vin peu complexe, à mon avis verrouillé, fermé : seules des notes boisées et de café sont perceptibles. Alors ? Ce duo alléchant sur le papier, c'est : Chablis Grand Cru les Clos 1999 de Vincent Dauvissat contre un autre Chardonay, celui d'un Meursault 1er Cru "Bouchères" 2002 de Jean-Marc Roulot.Les rouges...
La thématique de ce duo est le millésime. Au nez, c'est fruit ++ et très prune. En bouche est marquée par des amers prégnants. L'ensemble sèche. Pas convaincu par ce Clos Milan (Baux de Provence de Henri Milan). L'autre vin est un peu sur les mêmes arômes au nez, avec en supplément des notes d'élevage plutôt discrètes : crème de mure, tabac. La bouche est équilibrée, d'un volume correcte et une finale qui m'interpelle encore pas ses amers. C'est assez bien fait et ce Côtes de Castillon Clos Puy Arnaud me plait bien dans l'ensemble. Le millésime commun ? 2003
Prune et cerise à l'eau de vie. La bouche sèche d'une façon impressionnante. C'est NON d'office pour ce Coteaux du Languedoc "Pic St Loup" 2003 et la cuvée Simon du Clos Marie. Heureusement, son challenger est au niveau : des arômes de roses fanées avec un très beau jus, digeste et équilibré aux saveurs d'orange. Belle finale, mure sur la griotte. Cette fois, c'est OUI pour ce très beau Minervois 2005 de l'Oustal Blanc, cuvée Maestoso.