Le soleil a brûlé le ciel blond de Séville
Un bûcher poussière d'or qui fait des escarbilles
Un étendard sanglant au couleur de la mort
Qu'un hidalgo brandit du cruor de sa victime
Dont les cris étouffés le lacèrent encore
Pour un dernier combat, une estocade ultime
On ouvre la brèche du taureau affolé
Par les cris de la foule avide de souffrance
Sur le sable andalou une brûlure intense
Noircit sur son garrot dont la chair est zélée
La douleur saumâtre jaillit de l'échine
Rythme les entrechats de morsures opalines
Sa tête balance aux sons des tambourins
Il racle du sabot le sable qui s'endort
Ses veines fourmillent sur son morne destin
Qui lancine et qui danse au pas du matador
Il souffle des naseaux et mugit sa colère
Et le fleuret grossier qui vient le mettre à terre
Le torero effleure la bête agonisante
De sa cape de feu sur la masse puissante
La muleta roule sur l'ombre de l'arène
Le sang se répand sur l'ocre de la plaine
Le vaincu se débat dans ses derniers instants
Sous les olé funèbres qui déchire le temps
Le ciel étoilé panse ses dernières plaies
Et efface en suspens ses ultimes pensées