La Roumanie souffre de la crise, mais pas son Eglise

Publié le 27 décembre 2010 par Edelit @TransacEDHEC

L’Eglise roumaine ne souffre pas de la crise, bien au contraire. Elle détiendrait un patrimoine de trois milliards d’euros.

La chute du régime communiste, il y a vingt-et-un ans a conduit à l’effondrement du système de protection sociale. C’est au sein de l’Eglise que la plupart des Roumains ont retrouvé leurs repères. De plus, la transition chaotique à l’économie de marché que le pays a connue dans les années 1990 a affaibli les institutions de l’Etat et renforcé le pouvoir religieux. Officiellement, 87% des Roumains revendiquent leur foi et les popes ont une influence considérable sur les choix politiques des fidèles. Les hommes politiques ont donc tout intérêt à se ranger du côté de l’Eglise et ils l’ont bien compris : les activités économiques de l’Eglise sont exemptées d’impôts. Ainsi, l’Eglise roumaine contrôle 80 000 hectares de terres agricoles, détient de nombreuses actions dans le bâtiment et les transports et possède maisons d’éditions, imprimeries, plus d’une vingtaine de licences radios, et une chaine de télévision.

Autre exemple : en pleine crise économique, l’Eglise orthodoxe roumaine a commencé au mois d’août la construction d’une gigantesque « cathédrale de la rédemption du peuple ».  Elle sera dotée de douze ascenseurs et de trois autels car elle pourra recevoir pas moins de 125 000 fidèles. Le prix : 400 millions d’euros, exemptés d’impôts.  Le patriarcat justifie cette démarche dans le contexte de la crise : « afin de dépasser tant la crise morale que la crise économique, nous estimons qu’il faut poursuivre la construction d’Eglises. L’ouverture de nouveaux chantiers permettra de créer des emplois et de combattre l’individualisme tout en aidant les fidèles à combattre le désespoir et la déshumanisation ».

Mais la Roumanie reste très touchée par la crise : en avril 2009 elle a demandé un prêt de 20 milliards d’euros auprès du FMI, de l’Union Européenne et de la Banque Mondiale. Pour compenser, une politique d’austérité s’est installée : le salaire des fonctionnaires (350 euros par mois) ont été diminués d’un quart, les retraites (200 euros par mois) ont été baissées de 15%. En 20 ans, le nombre d’écoles a été divisé par deux, alors que la Roumanie a acquis 4000 églises. C’est pourquoi des opposants au gouvernement actuel critique ce constat, tel le président des verts roumains, Remus Cernea qui proteste que l’utilisation des fonds publics pour la construction d’églises est immorale et illégitime.

M.C.