Hum… c’est à se demander si Delon s’entend parler, ou bien s’il a jeté un coup d’œil sur sa filmographie ces dernières années. S’il a bien lu les projets qu’on lui a proposés et qu’il a refusés, et ceux qu’il a acceptés. D’après ses dires, Delon n’aurait donc accepté que la crème de la crème, préférant délaisser ce qui sent mauvais ? Je voue une grande admiration à l’acteur qu’a été Alain Delon, ses collaborations avec Visconti ou Melville, mais là, j’ai bien peur que Delon débloque. Rappel des faits : ces cinq dernières années Alain Delon n’a accepté de jouer que dans un seul long-métrage, et un téléfilm. Le premier était l’inénarrable Astérix aux Jeux Olympiques, dans lequel Delon s’autoparodiait avec lourdeur en Jules César. Le second, une production TF1 dont la tête d’affiche était… la chanteuse Lorie.
Voilà donc ce que Delon a estimé être à la hauteur de son patrimoine cinématographique. Voilà ce qu’il estime être digne de celui qu’il a été, cet acteur charismatique qui incarnait à la fois la séduction, le mystère et l’audace. Celui dont la silhouette a hanté avec magnétisme Le Samouraï de Melville, celui dont le regard bleu perçant naviguait entre charme et dangerosité dans Plein Soleil de Clément. Alain Delon a été ce grand acteur qu’il clame sans cesse être à qui veut bien l’entendre. Oui, même si son comportement peut désoler, il a été ce grand acteur. Il a électrisé l’écran dans Rocco et ses frères, Les aventuriers, Le cercle rouge et Monsieur Klein.
Alain Delon a eu le nez à une époque pour se faire une place dans ce que le cinéma français, et européen, offrait de meilleur. Il a eu le talent pour s’imposer comme l’un des acteurs les plus importants de sa génération. Mais Delon a mal vieilli. Il a perdu le nez et le talent. Un jour peut-être, il prendra un malin plaisir à me contredire. Et la vérité, c’est que je ne demande que ça.