(graine d'érable, La Combe de Lancey, Isère, le 1er mai 07)
Je pense à ces graines d'érable que nous jetions en l'air dans la cour de récré, pour les voir retomber en tournoyant comme des hélicoptères. C'est d'ailleurs ainsi que nous les appelions: "des hélicoptères".
Je pense à ceux qui n'ont rien pu faire voler.
Aucun malheur n'a jamais franchi le seuil de mon enfance. C'est une chance inestimable pour trouver des forces plus tard.
L'herbe a brûlé vers quinze ou seize ans. Le napalm du cynisme en combustion lente. Tout a reverdi, patiemment, entre deux bourrasques ensuite. Gagnant une sorte de paix.
Et je préfère fouler l'herbe haute, quitte à supporter quelques morsures d'araignée, plutôt que de marcher sur un plateau de cendre. Une question de sensation.
Mes récréations n'ont plus cours, mais je m'amuse toujours à lancer des graines d'érable vers le ciel.