Déficit, dette, taxes, qualité de vie, chômage, emplois rémunérateurs, retraite, etc… voilà des sujets qui inquiètent un grand nombre de Québécois en rapport avec leur avenir. Où en sommes-nous par rapport à nos voisins les provinces canadiennes, les États américains et les pays européens ?
Aux États-Unis, la dette fédérale croît à une vitesse vertigineuse et semble impossible à rembourser. Il en est de même au niveau des États.
Les États américains font face à des difficultés incroyables et plusieurs ont tenu le coup durant la crise économique grâce aux milliards $ du programme fédéral de stimulus d’Obama. Mais cette aide se termine. L’heure de vérité arrive. La lente reprise sera-t-elle alors déraillée ?
La Californie aura l’an prochain un déficit de 19 milliards $. Déjà son crédit ne vaut rien. Les frais dans ses universités viennent d’augmenter de 32%.
Pour rencontrer ses obligations budgétaires, l’Arizona vient de vendre son Capitole, l’édifice de la cour Suprême et celui des chambres législatives à des investisseurs et paiera dorénavant un loyer pour l’usage de ses bâtiments gouvernementaux.
Pour balancer leur budget, le New Hampshire pige dans le fonds d’assurance pour contrer la mauvaise pratique médicale, le Colorado veut s’accaparer le surplus de 500 millions $ de l’assurance des travailleurs de l’État, Hawaï a institué une semaine d’école de quatre jours. Les déficits du Rhode Island et de l’Alaska dépassent de beaucoup leur produit intérieur brut (PIB).
Le New Jersey, l’État le plus taxé du pays, a une économie en pleine dépression. Son gouverneur vient de trancher 26 % du budget dont des coupures draconiennes dans les versements aux banlieues, accentuant ainsi leurs problèmes financiers. Malgré cela, le déficit prévu pour l’an prochain sera de 10 milliards $.
En Illinois, l’État dépense deux fois le montant des taxes collectées. Il a des comptes à payer de 5 milliards de $ et n’a pas l’argent pour le faire.
Les engagements pour les pensions dans les États américains se chiffrent à 5,17 trillions $, alors que seulement 1,97 trillions $ sont mis de coté dans ces fonds. C’est un déficit de 3,23 trillions $ à combler au moment où les baby-boomers arrivent et réclament aussi leurs pensions.
Les gouverneurs admettent enfin aujourd’hui : « Nous avons trop dépensé, nos cartes de crédit sont annulées. C’est fini. Ce ne sera pas facile de sortir du trou que nous avons creusé depuis les dix dernières années ».
Selon les analystes financiers de Wall Street, personne ne connait vraiment la profondeur des trous. Ils soulignent le manque de transparence des États en rapport avec le marché des obligations municipales et questionnent leur capacité de rembourser leurs emprunts. Ce marché a toujours eu la réputation d’être sécuritaire pour les petits investisseurs qui y plaçaient leurs économies pour leurs vieux jours. Mais cela a changé. Par exemple, la ville de Harrisburg, capitale de la Pennsylvanie, a dû être sauvée par l’État à cause de son incapacité de rembourser ses dettes. Les analystes estiment que plus de 75 villes importantes tomberont bientôt en défaut et que cela impliquera des centaines de milliards $ d’aide. Mais ils déplorent surtout la diminution de la confiance des investisseurs pour ce marché.
Le grand test pour les États américains sera au printemps quand le programme de stimulus d’Obama de 160 milliards $ prendra fin.
Plusieurs gouverneurs affirment que le problème réside dans la trop grande quantité d’avantages sociaux que l’État donne à ses citoyens. « Il va falloir changer tout ça » disent-ils car, pour eux, l’heure est aux coupures budgétaires.
Les élections américaines de mi-mandat ont démontré qu’un très grand nombre d’Américains actifs ne veut plus payer pour les retraites des autres ni pour le financement d’un système d’assurance santé national. Par contre, ils ne s’opposent pas aux dépenses faramineuses en Irak et en Afghanistan. Comme si l’argent pour les dépenses militaires est différent de l’argent pour le social. De plus, ils ne disent rien lorsqu’Obama feint de vouloir s’engager au Yemen et en Corée du Nord. Ils préfèrent mieux couper l’aide sociale à leurs compatriotes en besoins que de trancher dans le financement des dépenses militaires. Incroyable !
Pendant ce temps là au Canada, on roule notre bosse… sans trop se préoccuper de la dette. Cette dernière comprend : la dette brute (déficits accumulés, avances aux sociétés d’État et à Hydro-Québec, investissements dans les routes et les immobilisations, dettes des municipalités, des réseaux de santé et d’éducation, plus la part du Québec (122,9 milliards $) de la dette du gouvernement fédéral. Un grand total de 285,6 milliards, soit 35,600 $ par Québécois.
La dette du Québec est à 96,3% du produit intérieur brut (PIB). Par rapport à cet index, nous sommes plus endettés que la France (75,7%), les USA (70%), le Canada pris dans son ensemble (69,7%)… Notre dette est la cinquième plus haute du monde industrialisé. Nous sommes la province la plus endettée du Canada. Et dire qu’après le règne de Duplessis, nous étions la moins endettée.
Au Canada, après des années de surplus et depuis la venue des Conservateurs, le gouvernement engendre des déficits de plus en plus gros. Au Québec, le gouvernement fait de même mais affirme avoir le déficit sous contrôle et prévoit que d’ici trois ans la situation financière sera positive (c’est à voir!).
Aux USA, le déficit a dépassé le trillion $. Cependant, le président Obama, les Démocrates et surtout les Républicains jurent que les deux prochaines années seront dédiées à réduire les dépenses (les teapartyers les ont-ils réveillés ?). Quant aux états Américains, c’est le désastre qui s’annonce car les coupures sociales sont à l’horizon.
En Europe, plusieurs Allemands, Français et autres remettent en question l’opportunité de garder l’euro, après les quasi-faillites de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Italie…
Aux USA, en France, en Allemagne, au Canada et ailleurs, les profits connaissent des rebonds et sont engrangés par les petites et moyennes entreprises. Les grands groupes voient leurs ventes et leurs effectifs gonfler à l’étranger, leurs profits exploser. Les bourses grimpent. Malheureusement, l’emploi en prend un coup et ne suit pas. La petite classe moyenne disparaît et la pauvreté augmente. L’aide sociale devient de plus en plus nécessaire.
Constatant ce qui précède, plusieurs prophètes de malheur prédisent qu’un tsunami financier déferlera sur nos continents. Il amplifierait tout le mal créé par la première crise économique. Je ne veux même pas penser à cette possibilité.
Il est de la responsabilité de chaque citoyen de percevoir la situation économique de son pays. C’est d’autant plus important que le départ des baby-boomers du marché du travail risque de réduire la croissance économique canadienne et d’ajouter énormément aux dépenses gouvernementales en raison de leur vieillissement.
Soyons optimistes et encourageons (au lieu de critiquer sans cesse) nos gouvernements pour qu’ils continuent à stimuler l’économie, réduire leurs dépenses et éliminer leurs déficits le plus tôt possible. Nous nous devons de vivre selon nos moyens. Ce n’est pas un luxe.
Claude Dupras