Lors de la parution du EP "The Motherland" en 2008, je n'ai même pas pris la peine de l'écouter avant de décider de l'acheter, sûr d'y trouver ce que j'en attendais. De la
fraicheur, une envie, sans doute la continuité de "Soul Of Poetry" que j'avais déjà trouvé très convaincant 1 an plus tôt. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, la
réalisation reste inchangée et comprend comme à l'accoutumé Benji Blow (Benjamin Bouton), producteur à qui revient également la charge d'arranger les titres joués live, et Dajla
(traduction arabe de tigre), qui écrit et compose une partie des morceaux présents sur les albums (2 au compteur en 2010). Ce EP de 4 titres pour 18 minutes leur aura sans doute permis de faire
patienter les fans avant la sortie de "The Meaning Of Life" en 2009. Encore une fois, il puise son originalité dans des influences diverses et variées, s'inspirant de la soul, du
hip-hop, du jazz ou de la musique africaine. Pour rester efficace et continuer de charmer l'auditeur, ce creuset reste indissociable de l'esprit des productions américaines et utilise lui aussi
toutes les ficelles artistiques en vogue lui assurant sa réussite et sa marque de fabrique. Des beats séquencés façon Jay Dee auxquels s'ajoutent de vrais instruments, des samples, quelques
refrains accrocheurs, le tout interprété par Dajla dans un style chanté ou parlé (spoken word), en anglais (merci), très loin de la soupe verbale dont nous affligent certains crooneurs du
dimanche. Interview commune des 2 protagonistes tirée de Mac&Guitare. Dajla: «Pour ce qui est des musiques, nous nous partageons le travail ! Je compose les titres les plus "chanson" parfois
au piano, parfois à la basse...Puis j’écris les textes que m’inspire la musique». Benji: «Pour le choix des textes, c’est vrai que les ressources sont inépuisables...Côté musique aussi en fait,
car nous ne puisons pas que dans le Jazz, la Soul et le R&B, mais dans plein d’autres styles qui nous touchent tout autant, le rock de Led Zep ou Jimi Hendrix, le hip hop des Roots, de Common, le blues de Ali Farka Toure, le reggae, le ska...» Si la réussite en
matière de nu-soul dépend en grande partie de la qualité de ses productions comme de la pertinence de son corps, reste encore à ne pas tomber dans la facilité pour vraiment se différencier du
reste de la troupe. Car les places sont chères et l'originalité rare, le plus dur étant sûrement de parvenir à apposer sa marque de fabrique personnelle sans aller simplement au devant d'un
conformisme facile pompé explicitement chez nos confrères américains.
Dajla pour sa part s'en sort vraiment bien, et même si le style n'est pas fondamentalement révolutionnaire, il a la franchise de son honnêteté et la sincérité de son ambition. Pour en revenir au
EP qui nous intéresse, je pense que vous ne regretterez pas le voyage et que vous saurez apprécier le travail fourni tout comme la production soignée qu'il contient.
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