25e Anniversaire de la disparition de Ferhat Abbas
La belle revanche de l’intelligence sur la bêtise
Ingratitude des hommes, Ferhat Abbas, véritable monument du mouvement national algérien, a été, pendant des décennies, frappé d’un ostracisme d’un autre âge.
L’histoire officielle a presque banni le nom, même après sa mort. Cet acharnement cruel a-t-il eu raison de la légende de ce pharmacien qui a consacré toute sa vie aux siens ? Non. Et, hier à la salle de conférence du journal El Moudjahid, l’intelligence a eu sa belle revanche sur la bêtise. Une foule nombreuse a pris d’assaut les lieux pour assister à l’hommage que l’association Machaâl Echahid en collaboration avec la famille du défunt, a décidé de rendre à cette figure emblématique de la cause nationale à l’occasion du 25e anniversaire de sa disparition. Des moudjahiddine et d’anciens ministres ont été de la partie. “L’histoire se porte bien. Elle avance à petits pas certes, mais de façon sereine et sûre,” s’est félicité Mohamed El-Korso, historien et ancien président de l’association du 8-Mai-1945. L’historien a vivement regretté l’absence des autorités à la cérémonie de recueillement à la mémoire du défunt organisée vendredi au cimetière El-Alia à Alger. à suivre son argumentaire, Ferhat Abbas n’avait pas rompu avec Abdelhamid Benbadis, président de l’association malgré une virulente polémique qui les avaient opposés. Mohammed Belkhodja, journaliste et historien, a soutenu que Ferhat Abbas avait été le précurseur dans la mobilisation des élites françaises en faveur de la cause algérienne. Auteur d’un livre consacré au premier président du GPRA, Leïla Benammar Benmansour, docteur en information et communication, s’est longuement attardée sur les qualités et les idées de “l’homme illustre” comme elle n’a cessé de le qualifier. “C’est la première fois depuis l’indépendance du pays qu’on se réunit de façon aussi solennelle pour rendre hommage à cet illustre homme,” a-t-elle remarqué avant de déplorer que beaucoup de grandes avenues de la capitale algérienne portent les noms de personnalités de marque (Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane, Hassiba Ben Bouali,…) ou même étrangères (Patrice Lumumba, Kennedy, Che Guevara,..) Mais pas celui du premier président de l’Assemblée nationale. Parlant des idées de cet homme qui s’était engagé sur les sentiers escarpés du militantisme politique en 1921 à l’âge de 23 ans, Mme Benmansour assure que Ferhat Abbas accordait une grande importance à l’éducation des masses qui était au cœur de ses préoccupations. “Pour Ferhat Abbas, sans éducation, toute action est vouée à l’échec,” explique-t-elle. Prenant la parole, Abdelhalim Abbas, fils du défunt, a soutenu : “J’ai été fidèle à sa mémoire en publiant le livre qui délivre un message à la jeunesse algérienne mais aussi à tous les hommes de savoir et de culture pour faire de l’Algérie un pays pour tous sans exception.”
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