Un cimetière est un lieu où on lit les pierres tombales, les noms bien sûr, mais aussi les dédicaces, les épitaphes. Toute une littérature. Patrice Chéreau en fait les cartouches d’un musée, le Louvre, c’est-à-dire LE musée sans doute. C’est par une porte de ce musée que je suis entré, sur la scène, par la porte que vont franchir tout à l’heure certains personnages, mais je ne le sais pas encore. Je me dis seulement que je suis content d’être là, assis devant, dans, ce décor d’une pièce écrite par un auteur, Jon Fosse, que je vais découvrir. Du metteur en scène, Patrice Chéreau, j’ai déjà vu théâtre et cinéma, et je suis allé récemment visiter la salle qui lui est réservée en ce moment… au Louvre.
Rêve d’automne, c’est un rêve. Je ne sais au juste qui rêve. Il me semble que c’est cet homme (Pascal Greggory) qui arrive avec une valise, se déchausse et s’allonge par terre, pour un sommeil agité où vient le rejoindre une femme (Valéria Bruni-Tedeschi) qu’il a connue avant et qui l’accompagnera plus tard à l’enterrement de sa grand-mère. Cette grand-mère (Michelle Marquais) hante le plateau-musée dont le texte dit que c’est un cimetière. Le théâtre est un lieu où on profère, où on entend des textes écrits par des vivants ou par des morts qui ont été vivants et qui, peut-être, ont été conçus après une pièce de théâtre, dans l’enthousiasme du désir que soulève la scène. Désir de vivre, d’aimer, de nommer, de mourir.
Peur de mourir, de ne rien laisser derrière soi, emporté par la mort, la grand-mort paternelle, qui achève la transmission. Plus rien avant, plus rien après. Ne restent que les femmes dans ce rêve, et la grand-mort paternelle, redevenue la grand-mère les appelle à sortir de ce musée-cimetière : « C’est l’heure, allons-y. » Et nous sortons.
J'ai vu cette pièce au Théâtre de la Ville, à Paris.