Une des têtes d'affiche des Curiosités du Bikini du 4 décembre, Oh la la !, possède une énergie rock contagieuse et complètement barrée, avec un "je-ne-sais-quoi" des Rita Mitsouko : Rencontre avec Natasha Le Jeune, leader du groupe parisien.
(Interview du 2 décembre 2010). C'est comme un berlingot en liane de sucre. Une friandise délicieuse. Le nouveau groupe de Natasha Le Jeune (ex - AS Dragon) est tout simplement une gourmandise. On va vite en raffoler. Textes en français sur une musique aux influences diverses, Oh la la ! balance sans crier garde un rock ébouriffant. Avant son passage par le Bikini, le samedi 4 décembre pour les Curiosités, la jeune femme est revenu avec nous sur son groupe, le rock en général, ses influences et sa présence à Toulouse.
Quelles sont les origines du groupe et de l'album dans les bacs en janvier ?
En fait, j'ai composé les chansons de l'album avec Benjamin Lebeau du groupe "The film" que j'ai rencontré lors de ma période avec AS Dragon. On a tout fait à deux. Puis, on a monté le groupe pour enregistrer l'album. On a pris un ancien de "The film", et aussi un mec fraîchement débarqué de Bordeaux.
Le nom du groupe "Oh la la ! " a-t-il été difficile à trouver ou bien c'est juste une onomatopée qui est tombée par hasard ?
Un peu des deux. Réfléchis et spontané...euh...en fait, c'est surtout arrivé comme ça. On a trouvé que Oh La La ! pouvait être compris par tous. Et, c'est assez simple et parlant. Mes textes sont assez simples voir assez futiles. Des scénettes avec des petites ambiguïtés. Donc, Oh la la ! (rire). Il y a aussi le double sens anglo-saxons et français. A l'étranger, c'est assez sexy. Alors qu'en France, on prononce "Oh la la" quand c'est un peu casse gueule. La dualité est assez intéressante et assez visuelle.
T'as la volonté d'écrire en français sur des mélodies rock, post-punk. Pas toujours difficile à gérer ?
C'est assez difficile, oui. J'ai toujours eu la volonté d'écrire en français. Quand j'écrivais, je partais du yahourt, un mélange de "franglais". Et, j'essayais de coller aux sonorités. Sur tel thème, je trouvais d'abord les sonorités, puis, tiens ça colle bien, mais ça n'a pas trop de sens : un vrai chemin se dessine. Puis on donne du sens aux mots. Et, avec ces sonorités assez fluides, cela donne les chansons de l'album.
Il y a peu d'artistes francophones qui font du rock en français?
Oui, on n'est pas assez à s'y attaquer. Il reste beaucoup de choses à faire. Tout le monde veut chanter en anglais. Le français est souvent apparenté, malheureusement, à de la Variété. Quand on écoute la pop des années 60 ou même le rock fin 70 - début 80, on s'aperçoit qu'il y a de bonnes choses. Comme France Gall, par exemple.
Certains évoquent l'idée que la pop ou le rock ne peuvent être qu'anglo-saxon, ce serait indéniable, et qu'il faudrait jouer sur ce terrain là.
Je ne suis pas forcément d'accord avec eux. Aujourd'hui, en Angleterre, tout le monde se pane sur les albums de Gainsbourg comme Melody Nelson. Et, les groupes anglais y trouvent même des mélodies. On retrouve donc des sons hexagonaux dans la musique anglaise et on peut donc allier le français à la pop.
Tu résistes alors...
Je suis assez fière de résister. Avant, il y avait l'exigence des quotas en radio. Maintenant, on écrit en anglais et on passe sur la bande FM. Mais, beaucoup de groupes écrivent parfaitement dans notre langue et font sonner le rock avec le français. Adrien, des BB Brunes, écrit d'ailleurs très bien. Ce n'est pas honteux. On doit en être fier.
Quelles sont les inspirations du groupe pour ce premier album ?
Nous nous sommes inspirés du Punk/rock des années 70/80, du Glamrock. On peut citer The Stranglers ou encore Roxy. Il y a eu plein de bonnes choses fin 70. Et puis, on a cherché des sonorités, des rythmiques chez LCD Soundsystem. On a pioché dans toutes les époques. C'est quand même dans un esprit très glamrock modernisé par Vampire Weekend par exemple, que nous avons fait l'album.
De belles influences, ce n'est pas n'importe qui. Est-il difficile d'extraire son essence de tant d'influences ?
On mélange plusieurs influences. En plus comme les textes sont français, cela donne un son singulier. On remarque moins les influences. Je ne sais pas si en anglais on aurait remarquer nos influences venues d'ailleurs. Et puis, Benjamin est un très fin bidouilleur qui donne un plus à notre son. On aime brouiller les pistes des auditeurs.
Sur "Un poing c'est tout", il y a la participation de Philippe Katerine, qui a aussi écrit le texte. Comment s'est faite la rencontre?
Oui, il a écrit le texte et est venu le chanter avec nous en studio. J'ai rencontré Katerine au temps d'AS Dragon. Très naturellement, j'ai pensé à lui pour avoir sa patte sur l'album. Il s'est prêté au jeu après avoir écouté une de nos démos. On le connaissait sans le connaitre, et son univers collait avec le notre. Et puis, il sortait de sa période Louxor, et voulait passer à autre chose. Il a tout compris tout de suite : notre univers, notre façon de faire...
C'est un personnage singulier et talentueux...
Oui, comme à l'écoute de son dernier album. Il a d'ailleurs enregistré avec un ami à moi. Il prend excellemment le contre pied de « Robot après tout ». Il a changé de groupe et a enregistré en 2/3 prises. C'est un truc brut et assez ludique. Il arrive avec son personnage et il nous percute avec des chansons comme « Blablabla ». Je ne suis pas sur que Bénabar en fasse autant.
Sinon, tu es sur scène aux Curiosités du Bikini à Toulouse le 4 décembre. Excitée ?
Toujours. En plus je connais un peu Toulouse, j'y ai de la famille. Je ne sais pas si tu connais la chanson des Stranglers "Your streets were paved with love/ Your skies were blue/Goodbye Toulouse ". Voilà ! (Natasha rigole). Et puis, la scène s'est notre existence. Sortir des disques maintenant est un combat perdu d'avance, un luxe dont on ne tire pas grand chose. On existe par la scène. On n'est pas un groupe sinon.
Merci Natasha. Bon concert, et le premier album de "Oh La La !" dans les bacs en janvier ?
Oui, le 24 janvier exactement. Merci à toi et rendez-vous le 4 décembre au Bikini !
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