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Chômage : le gouvernement échoue à faire croire qu'il baisse.

Publié le 27 décembre 2010 par Juan
Chômage : le gouvernement échoue à faire croire qu'il baisse.La récente publication des statistiques mensuelles du chômage a rappelé à tous que la France n'est pas sortie de la crise. Cette année écoulée devait pourtant être celle de la reprise, comme nous l'explique le gouvernement depuis près d'un an. En novembre dernier, le chômage a augmenté, par le double effet de moindres sorties et d'un plus grand nombre d'entrées. La Dares relève ainsi que les reprises d'emploi déclarées on chuté de 6% en novembre. Sur un mois, les entrées pour fin de contrat à durée déterminée ont cru de 5,8 %, pour fin de mission d’intérim de 7,4 % ; pour licenciements économiques de 4,0 %, pour autres licenciements de 7,7 %, pour « démissions » de 10,5 %, et les premières entrées de 10,3 %.
C'est une sacrée mauvaise nouvelle pour le story-telling officiel.
Il y a quasiment un an, un Nicolas Sarkozy avide de convaincre une dizaine de Français rassemblés par TF1 avait promis que le chômage baisserait d'ici quelques mois : « Je sais que dans les semaines et les mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage dans notre pays » Ce 25 janvier 2010, Sarkozy voulait y croire ou, à défaut, nous le faire croire. L'urgence était double : électorale, car le scrutin présidentiel de 2012 approche; budgétaire, car la Sarkofrance, coincée par son tabou fiscal à l'égard des plus riches et une dette qui frôle les 1 600 milliards d'euros, ne peut plus payer. Il fallait donc nous faire croire que l'économie française n'avait plus besoin des mesures exceptionnelles décidées au coeur de la crise.
Le gouvernement se désengage de l'emploi...
Dès l'automne, le gouvernement décida, plus ou moins discrètement, que la plupart des mesures de soutien à l'emploi ne seraient pas reconduites en 2011. La crise, on vous le répète, est derrière nous.  « la mobilisation du gouvernement en faveur de l'emploi porte ses fruits » expliquait le nouveau ministre du Travail Xavier Bertrand il y a un mois.
1. Pour partie, la direction de pôle emploi a tiré les leçons de l'échec de la sous-traitance privée. En juillet 2009, l'Etat avait débloqué 425 millions d'euros pour qu'une trentaine d'agences privées s'occupent de 320 000 chômeurs sur deux ans. L'an prochain, ces milliers de demandeurs d'emplois devront donc être traités par les agents de pôle emploi.
2. Début 2009, le gouvernement avait gracieusement accordé 1800 postes temporaires pour renforcer l'agence. Ces 1800 postes sont supprimés en 2011.
3. Fin 2009, les syndicats craignaient qu'un million de chômeurs en fin de droits se retrouvent exclus de toute indemnisation cette année. Après des mois d'attentisme et de fausses études, le gouvernement avait lâché, le 1er juin 2010, son fameux « Plan Rebond pour l'emploi ». Ce dernier visait les 360 000 personnes ayant épuisé leurs droits aux allocations chômage entre le 1er janvier et le 31 décembre 2010 sans bénéficier d'aucun revenu de remplacement (allocation versée au titre de la solidarité ou minimum social) : en échange de 460 euros par mois, ces bénéficiaires devaient suivre une formation. Début décembre, soit 6 mois après l'entrée en vigueur du dispositif, la CGT estimait que seules 3 000 personnes en avaient bénéficié. Un fiasco total !
4. Globalement, le budget alloué à l'emploi en 2011 a été diminué de 15% pour 2011, dans le projet de loi de finances adopté à l'Assemblée. Entre la non-reconduction des mesures de relance et la rigueur affichée pour rassurer les marchés, toutes les missions sont affectées : contrats aidés (-25%), insertion professionnelle des jeunes (-330 M€), formation professionnelle des publics fragilisés (-33%) ; financement du réseau des Maisons de l’emploi (-50%), etc.
5. Last but not least, les minima sociaux seront à peine revalorisés en janvier prochain : +1,5% pour le RSA (466,99 euros par mois pour une personne seule sans enfant, 700,49 euros pour un couple sans enfant ou une personne seule avec un enfant); +1,5% pour les allocations familiales (126,38 euros pour deux enfants, 288,38 euros pour trois enfants, 430,55 euros pour quatre enfants). Le gouvernement argumente que l'inflation sera tout aussi faible l'an prochain. Pourtant, certaines hausses de prix de produits et services essentiels sont déjà annoncées à des niveaux autrement plus importants :
relèvement généralisé des tarifs d'assurance compris entre 2,5% et 4,5% en automobile, entre 3% et près de 8% en habitation, et entre 5,3% et 8,5% en santé; déremboursements supplémentaires de 5 points pour les médicaments de vignette bleue ; hausse de 3% de la facture EDF; etc...
... alors que la crise est toujours là.
Le chômage a-t-il à ce point baissé pour qu'on revienne à la situation pré-récession ? Non. Fin novembre, la France comptait toujours 4,6 millions de demandeurs d'emploi, en hausse de 6,6% sur un an (soit 300 000 personnes). En un an, les promesses et prédictions sarkoyennes ont été démenties par les faits.
1. Près de 3 millions de demandeurs d'emploi sont sans aucune activité : 2,698 millions tenus de rechercher activement un job (catégorie A) et 245 000 sans emploi mais dispensés (catégorie E).
2. L'ancienneté moyenne des chômeurs est de 440 jours.
3. Les offres d'emploi collectées par Pôle emploi ont stagné depuis un an (-0,1 %), et même décru de 4,8 % au mois de novembre 2010 en France métropolitaine. Les créations nettes d'emploi dans le secteur marchand restent modestes : entre 70 000 et 90 000 depuis janvier, selon les sources (Insee, pôle emploi, Accoss).
4. Le chômage des plus de 50 ans a explosé de 15% en un an, pour atteindre 750 000 personnes, dont 514 000 sans aucune activité. Mais toutes les catégories de chômeurs ont progressé : hommes, femmes, moins de 25 ans, longue durée, etc.
5. Depuis un an, entre 200 000 et 220 000 demandeurs d'emploi sont évacués chaque mois des statistiques « pour défaut d'actualisation ». Avant l'automne 2008, leur nombre oscillait entre 160 000 et 180 000. La « modernisation » de pôle emploi est passé par là.
Pour 2011, le gouvernement table sur une croissance de 2% quand les économistes prévoient au mieux 1,6%. Et le nombre de contrats aidés va se réduire. La situation de l'emploi devrait donc encore se dégrader.
Mais chut ! Ne le répétez pas. On vous accuserait d'antisarkozysme primaire.


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