“Mon beau-père et nous” de Paul Weitz

Les fêtes de fin d’année, c’est bien sûr l’occasion de se retrouver en famille.
Pour la plupart des gens, c’est un plaisir, mais pour d’autres, cela peut vite tourner au supplice.

Regardez le pauvre Greg Focker (2). Non seulement il doit composer avec des parents envahissants – un père adepte des blagues foireuses et des gadgets de farces et attrapes, une mère sexologue de renom, qui ne cesse de lui ficher la hointe devant des milliers de téléspectateurs – mais en plus, il doit subir sa belle-famille, et notamment son beau-père, Jack Byrnes.  Cet ancien agent de la CIA, adepte de la manière forte et des méthodes de renseignement sauvages, n’a jamais vraiment digéré que ce grand dadais au nom ridicule (Gaylord Focker, quelle idée de baptiser ainsi un enfant…) lui ait ravi sa petite fille chérie, et il a souvent tenté, par le passé, de briser cette union qu’il n’approuvait pas.
A l’écran, cette inimitié a donné lieu à deux films signés Jay Roach : Mon beau-père et moi, en 2000, puis Mon beau-père, mes parents et moi en 2003. Deux comédies rythmées, pleines de quiproquos tordants et prétextes à de grands numéros de cabotinages sympathiques.

Dans Mon beau-père et nous, Greg et Pam sont mariés depuis dix ans et ont eu deux enfants, deux faux-jumeaux qui ne se ressemblent pas du tout. Jack Byrnes n’a d’autre choix que d’accepter ce gendre maladroit et gaffeur.
D’autant que celui qui était jusqu’alors son gendre préféré, Bob, est sorti du cercle de confiance. Il a eu l’outrecuidance de tromper la fille aînée de Jack avec une autre femme et a quitté le domicile conjugal.
C’est donc à Greg qu’incombera la charge de succéder à Jack à la tête de la dynastie Byrnes, de devenir le “Godfocker” (3).

Le problème, c’est que pour obtenir ce titre, Greg doit s’en montrer digne aux yeux de son beau-père. Ce qui passe notamment par une situation financière confortable, suffisante pour payer aux deux jumeaux la scolarité dans des établissements scolaires privés fort coûteux.
Aussi, quand une très sexy visiteuse médicale (Jessica Alba) vient lui proposer un pont d’or pour faire la promotion d’un substitut de Viagra, Greg n’a d’autre choix que d’accepter.
Mais voilà, son adoubement en tant que “Godfocker” passe aussi par une fidélité sans faille à son épouse, et l’envahissant beau-père, toujours prompt à l’espionner, interprète mal cette relation strictement professionnelle…
C’est le début des ennuis…

… et de l’ennui pour le spectateur, qui devra supporter cette intrigue vaudevillesque assez poussive, où le cinéaste se contente d’exploiter mollement les mêmes gags et numéros que les deux précédents opus, en nettement moins drôle.
Bien sûr, on peut toujours sourire aux joutes verbales de Robert De Niro et de Ben Stiller, qui cabotinent tous deux joyeusement, mais l’effet de surprise ne joue plus vraiment.
Le premier épisode jouait déjà sur cet affrontement mais reposait aussi sur une suite de péripéties burlesques de plus en plus déjantées. Le second trouvait un second souffle avec les personnages secondaires joués par Dustin Hoffman et Barbra Streisand.

Ici, rien de tout cela. Les péripéties manquent de tonus. Paul Weitz essaie bien, le temps d’une scène, de lorgner vers l’humour des frères Farrely, mais le résultat – ou comment supprimer les effets du viagra -  est plus vulgaire qu’autre chose. Le réalisateur, à la filmographie inégale (Pour un garçon, American Pie… ) ne possède pas le même talent comique que les auteurs de Mary à tout prix ou même que son prédécesseur, le cinéaste de la saga des Austin Powers.

Les seconds rôles peinent à exister. Teri Polo et Blythe Danner jouent les utilités. Barbra Streisand et Dustin Hoffman sont eux-aussi très en retrait, comparé au second film (4). Owen Wilson et Jessica Alba bénéficient d’un temps de présence à l’écran plus consistant, et se mettent plus en valeur mais là aussi, leurs personnages sont insuffisamment exploités.
Et que dire des caméos de Laura Dern et d’Harvey Keitel, respectivement en directrice d’école BCBG et en chef de chantier paresseux ? Quel est leur intérêt s’ils ne débouchent pas sur une idée comique ?

Quant à ce qui aurait pu constituer la vraie bonne idée du film – le lourd patrimoine génétique des rejetons de Greg et Pam, il n’est absolument pas exploité, à l’exception de la scène d’évaluation des “charmants” marmots dans une prestigieuse école maternelle. Quel gâchis!

Les fêtes de fin d’année, c’est souvent l’occasion de retrouver sur grand écran des personnages que l’on a aimé.
Parfois, cela se passe très bien. On est heureux de suivre leurs nouvelles (més)aventures.
Mais parfois, on se dit que les retrouvailles ne s’imposaient pas vraiment, qu’il est temps de tourner la page et de passer à autre chose.
C’est exactement ce que l’on ressent à la vision de Mon beau-père et nous, suite médiocre et sans âme de deux films qui, s’ils ne pouvaient guère être qualifiés de chefs-d’oeuvre, avaient au moins le mérite de nous faire rire…

(1) : Médicament équivalent au viagra qui joue un rôle important dans le film …
(2) : Greg Furniker, dans la VF. Désolé, mais ici on préfère la VO…
(3) : clin d’oeil à The Godfather (“ Le Parrain”, toujours en VF)…
(4) : Dustin Hoffman avait initialement refusé d’apparaître dans le film. Suite à un accord avec la production, il a fini par tourner quelques brèves séquences. On sent que ces scènes décousues ont été rajoutées à la va-vite au montage final. Etait-ce bien nécessaire ?

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Mon beau-père et nous
Little fockers

Réalisateur : Paul Weitz
Avec : Robert De Niro, Ben Stiller, Jessica Alba, Owen Wilson, Teri Polo, Barbra Streisand, Dustin Hoffman
Origine : Etats-Unis
Genre : suite poussive, sans imagination
Durée : 1h45
Date de sortie France : 22/12/2010
Note pour ce film : ●●○○○○

contrepoint critique chez :  Tendance Geek

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