Une chose est désormais certaine : le cinéma fantastique ibérique n’a pas froid aux yeux. De la caméra suggestive d’un REC de Balaguero au plan séquence d’1h30 qui constitue La Casa Muda d’Hernandez, les réalisateurs espagnols accumulent les (bonnes) expériences de film en film. Avec Los Ojos de Julia, et cette histoire de sœur qui enquête sur le suicide suspect de sa jumelle, Guillem Morales inscrit son nom sur la liste des cinéastes prometteurs, dotant sa mise en scène d’un souffle d’inventivité incroyable, puisant dans les codes du giallo italien et des slasher movies américains. Cache-cache amusé (et amusant) autour de la notion de regard, le film n’a de cesse de (se) faire plaisir : caméra ludique qui épouse la cécité progressive de l’héroïne (l’idée de masquer les visages est hautement subtile!), ambiance anxiogène exacerbée par le décor gothique, flopée de seconds rôles qui démultiplie les pistes, et variétés de genres entremêlés (drame, policier, horreur). Morales étonne dans des séquences jubilatoires et subjectives, maîtrise sur le bout des doigts son terrain (de jeu), et insuffle de la nouveauté en territoire connu (même boîte de production, même excellente Belén Rueda, même ambigüité avec le surnaturel que pour L’Orphelinat). Tour à tour, Los Ojos de Julia fait frémir, angoisse, tourne autour du pot, pour finir par gagner un challenge de taille : l’étreinte parfaite entre forme et fond, entremêlés d’un bout à l’autre (l’intrigue et l’héroïne s’enfoncent ensemble dans l’obscurité) pour mieux rejaillir, vague orgasmique d’épouvante et de poésie, lors du final illuminé, de flashs et de clairvoyance. Lumière soudaine de la connaissance (et de la résolution du drame), lumière sublime de l’amour éternel, lumière lucide d’une prise de conscience : les vraies douleurs sont invisibles. Brillant.
LES YEUX DE JULIA (Los ojos de Julia) de Guillem Morales
Publié le 26 décembre 2010 par Celine_dianeUne chose est désormais certaine : le cinéma fantastique ibérique n’a pas froid aux yeux. De la caméra suggestive d’un REC de Balaguero au plan séquence d’1h30 qui constitue La Casa Muda d’Hernandez, les réalisateurs espagnols accumulent les (bonnes) expériences de film en film. Avec Los Ojos de Julia, et cette histoire de sœur qui enquête sur le suicide suspect de sa jumelle, Guillem Morales inscrit son nom sur la liste des cinéastes prometteurs, dotant sa mise en scène d’un souffle d’inventivité incroyable, puisant dans les codes du giallo italien et des slasher movies américains. Cache-cache amusé (et amusant) autour de la notion de regard, le film n’a de cesse de (se) faire plaisir : caméra ludique qui épouse la cécité progressive de l’héroïne (l’idée de masquer les visages est hautement subtile!), ambiance anxiogène exacerbée par le décor gothique, flopée de seconds rôles qui démultiplie les pistes, et variétés de genres entremêlés (drame, policier, horreur). Morales étonne dans des séquences jubilatoires et subjectives, maîtrise sur le bout des doigts son terrain (de jeu), et insuffle de la nouveauté en territoire connu (même boîte de production, même excellente Belén Rueda, même ambigüité avec le surnaturel que pour L’Orphelinat). Tour à tour, Los Ojos de Julia fait frémir, angoisse, tourne autour du pot, pour finir par gagner un challenge de taille : l’étreinte parfaite entre forme et fond, entremêlés d’un bout à l’autre (l’intrigue et l’héroïne s’enfoncent ensemble dans l’obscurité) pour mieux rejaillir, vague orgasmique d’épouvante et de poésie, lors du final illuminé, de flashs et de clairvoyance. Lumière soudaine de la connaissance (et de la résolution du drame), lumière sublime de l’amour éternel, lumière lucide d’une prise de conscience : les vraies douleurs sont invisibles. Brillant.