Magazine
Si il y a bien une série télé qui ait considérablement marqué ma jeunesse, pour ne pas dire toute une génération d'ados, c'est Buffy contre les vampires. Non, ça n'est pas la Petite Maison dans la Prairie et ses innombrables rediffusions entre midi et 13h sur M6, mais bien la petite blonde tuant des monstres assoiffés de sang. Son spin-off Angel est bien moins connu, et cela à cause principalement d'une diffusion sur une autre chaîne que M6, en décalé par rapport à la série originale malgré plusieurs cross-over, et dans le désordre. Et il faut bien le dire, Angel était beaucoup plus noir que Buffy, n'apportait pas une grande innovation sur le plan mythologique, et ne présentait donc pas un intérêt fondamental. C'était pourtant sans compter la saison 5.
Sortie en 2004, cette dernière saison d'Angel se démarque nettement des précédentes. Exit l'hôtel délabré construit au dessus d'une bouche de l'enfer (ça pullule ces trucs là en Californie), les expéditions commando dans des nids à démons armés d'arbalètes et les prêtresses démoniaques, place à Wolfram & Hart.
Wolfram & Hart, cabinet d'avocats défendant la cause démoniaque, est présent dès la première saison d'Angel, au travers des personnages de Lyndsay et Lila. Dans cette saison 5, c'est Angel qui en est le PDG. Un changement fondamental, car en plus des voitures de luxe, des laboratoires équipés des dernières technologies, des bibliothèques à faire pâlir celle du Congrès, l'équipe d'Angel Investigation récupère aussi la clientèle maléfique du cabinet, qu'il faut défendre, et ce malgré un léger désaccord éthique. Le fond de la série est donc très différent des saisons précédentes : on ne se bat plus contre un super-méchant, on tente de ne pas devenir le super-méchant. Et ça, c'est nettement plus intéressant que des exécutions de démons dans des ruelles sombres. De toutes façons les locaux de Wolfram & Hart sont équipés de vitres filtrant les UV, et la série se passe désormais en plein jour, au grand bonheur de nos pupilles.
Ce changement radical de la série aurait pu entrainer un glissement du fantastique vers le judiciaire. C'est le cas. Mais le ton lui est tout autre : jamais une saison d'Angel n'aura été aussi drôle et les scénarii aussi originaux. Comme c'est souvent et malheureusement le cas lors des dernières saisons. Dans cette saison, tout a changé. A commencé par la distribution. Cordélia est toujours dans le comas, et ne reviendra que pour une ultime apparition lors du centième épisode de la série, Faith est partie définitivement rejoindre Buffy, et Connor, qui aura également droit à un épisode come-back, a subi un lavage de cerveau et vit la vie d'un simple petit étudiant. Et ça n'est pas plus mal, car on ne peut pas dire qu'ils aient été les personnages les plus funs des saisons précédentes.
Surtout qu'ils font place à Harmony, propulsée au rang de secrétaire personnelle d'Angel, et à Spike, ressuscité miraculeusement depuis la bouche de l'enfer dans laquelle il périt carbonisé dans le dernier épisode de Buffy. Harmony a ici le même rôle qu'Elen dans Ally McBeal, et permet donc des moments très drôles, dont un concentré au cours de l'épisode Harmony ne compte pas pour du beurre, dont le titre fait office de manifeste. Spike quant à lui permet de détendre considérablement l'atmosphère au sein de l'équipe. Il est aussi, et enfin, hissé au rang d'égal vis à vis d'Angel, ce qui entraine de nombreuses confrontations aussi bien physiques que verbales, dont Buffy reste le point central.
Buffy justement, tout comme les autres membres de la série initiale, n'ont jamais été aussi présents qu'au cours de cette dernière saison. Andrew apparaît au cours de deux épisodes, les cheveux de Buffy (à défaut de Sarah Michelle Gellar) sont les acteurs de plusieurs scènes, de même que Giles et Willow sont cités à plusieurs reprises. Et tout ce petit monde gravite autour d'un épisode grandiose (mais qui n'apporte absolument rien à la saison), la fille en question, au cours duquel Angel et Spike se rendent à Rome afin de récupérer le cadavre d'un démon, donnant lieu à des scènes de films de mafieux grotesques, et profitent de l'occasion pour tenter de soustraire Buffy des charmes de l'Immortel, vampire maintes fois centenaire, ayant par le passé séduit Darla et Drusilla sous le nez d'Angel et Spike.
Si Lorne est un peu moins présent au cours de cette saison, les autres personnages ont aussi leur grand moment : Gunn devient l'un des avocat les plus talentueux de la boîte, avant de se retrouver indirectement impliqué dans la mort de Fred, qui venait à peine de prendre conscience de la réciprocité des sentiments de Wesley à son égard, et qui se retrouve transformée en démon antédiluvien. Oui, dans le genre, c'est ballot.
Puis arrive le final. Un vrai final, le genre de final qui démarre trois épisodes avant la fin de la saison et qui ne laisse pas la moindre place à une suite quelconque. A moins d'une adaptation cinématographique, mais ça c'est une autre histoire, actuelle certes, mais une autre histoire quand même. Comme dans tout bon final de la série et de son modèle d'origine, il y a une grande bataille, type apocalypse. Mais celle-ci est à l'image de la saison, et ne donne qu'une dizaine de minutes de castagne, entrecoupées de beaucoup d'explications. Oui, on reste dans le complot jusque la fin. Deux choses sont cependant à noter. Les morts, que l'on ne dévoilera pas, mais qui resteront vraiment morts, et les méchants. Tout un tas de démons, plus machiavéliques que monstrueux, avec une mention spéciale pour Hamilton interprété par Adam Baldwin, mais une surtout pour le dragon. Oui madame, Angel vit à Los Angeles, Hollywood et tout le toutim. Donc pour son final, il s'offre un dragon, rien que ça. Alors oui, c'est un peu too much, mais on s'en fout, parce que un dragon, c'est quand même super classe, à l'image de l'intégralité de la dernière saison d'Angel.
Lo, 15 ans