Quand l'infirmier devient tuteur...et l'étudiant, acteur.

Publié le 26 décembre 2010 par Melanieinfirmiere
  

Il n'y a pas si longtemps, l'infirmier qui encadrait un étudiant en soins infirmiers ne réalisait peut être pas la responsabilité qui lui incombait de former son futur collègue. Mais, au fil des années, l'élève est devenu universitaire et depuis peu l'infirmier se voit promu du nouveau statut de tuteur de stage. Mais à vrai dire…savons-nous vraiment ce que c'est qu'être tuteur ?

Il me semble bon d'en connaitre les différentes définitions pour bien comprendre ce nouveau rôle. Sur ce point, les dictionnaires nous renseignent très bien sur le sujet :

·   Dans le monde agricole, un tuteur est une armature soutenant une jeune plante ayant fait l'objet d'un tuteurage

·   En droit,  un tuteur est une personne chargée de veiller aux intérêts d'un mineur ou d'un incapable adulte placé sous le régime de la tutelle.

·   En histoire, un tuteur est un maître chargé de donner des leçons philosophiques et politiques à un futur prince.

·   Dans l'enseignement supérieur et le monde de l'entreprise, un tuteur est une personne responsable de transmettre ses connaissances à un étudiant ou un stagiaire dans le cadre d'une fonction appelée tutorat.

Si l'on s'en réfère à ces dernières explications, nous pourrions en conclure que le rôle de l'infirmier tuteur de stage est d'une importance capitale et engage une grande part de responsabilité quant au devenir de l'étudiant. En effet, l'infirmier qui se cautionne pour tutorer un étudiant, s'engage dans un processus de formation long et complexe qui lui demande bien plus qu'une simple annotation sur une feuille de fin de stage.

En effet, l'étudiant en stage a pour mission de valider des compétences en reliant la théorie à la pratique et en développant une réflexivité lui permettant l'analyse de pratiques professionnelles. En clair, le « nouvel étudiant universitaire » apprend par le biais de situations clés lui demandant de réfléchir, d'analyser puis de comprendre ses faits et gestes au regard de ladite situation. Et de ce fait de valider l'une des dix compétences requises.

Mais alors, quel est le rôle de l'infirmier s'il ne doit plus simplement valider un acte mais une compétence dans son entier ? Le soignant doit laisser plus de marge à l'étudiant, il doit le mettre en position d'acteur et non plus simplement de spectateur. L'étudiant n'est plus un simple miroir qui réfléchit et reproduit les gestes de l'infirmier qui l'encadre. Il fait lui-même et se remet en question sur sa propre pratique pour la corriger, l'améliorer et la parfaire. Le soignant doit apprendre à se mettre en retrait pour laisser sa place à l'étudiant, le laisser prendre ses marques, le faire réfléchir sur des situations données. Ainsi l'apprenant, beaucoup plus actif dans sa formation, devra mobiliser son savoir pour enrichir son savoir-faire et son savoir-être. Observer, questionner, faire des liens, se positionner, supposer, proposer…et agir ! Agir pour trouver un sens à ses pratiques professionnelles.

Il me parait primordial de pouvoir garantir la qualité de la prestation d'encadrement tel que le souligne la « chartre d'encadrement des étudiants en soins infirmiers ». Dans cette logique, les tuteurs et professionnels de proximité se doivent d'accompagner les étudiants tout au long de leur période de stage pour être en mesure d'évaluer leur progression. Ils sont là pour aider ces derniers dans l'acquisition des compétences, les guider dans l'apprentissage des gestes professionnels lors des soins infirmiers, susciter la réflexion et la remise en question et (je dirais surtout) les encourager dans l'amélioration et le perfectionnement de leurs acquis. Il n'est pas négligeable de rappeler qu'1/3 des 180 ECTS nécessaires à l'obtention du diplôme sont obtenus en stage et que l'acquisition des compétences, par le principe de la pédagogie réflexive est elle aussi relié à la pratique sur le terrain…

(Cet article est à paraitre dans la Revue de l'Infirmière,N°168  - rubrique "Actualités, courrier des lecteurs, février 2011)