L’un des avantages d’avoir un blog, c’est qu’on peut écrire sur ce que bon nous semble. Je dédie donc ce billet à ma tata Betty à Auckland, qui fête son 88ème anniversaire.
Betty a grandi, comme moi, à Lima ; mais pas le Lima que je connais. L’ancien siège de la vice royauté espagnole ne s’est pas encore réconcilié avec son déclin. En effet, les années 20 ont vu une espèce de mini boom s’y produire, comme le monde développé avait une grande faim de matières premières. L’Amérique du Sud était devenue le cœur de ce que les contemporains de cette époque appelaient notre empire informel. Des milliers de britanniques s’installèrent au Pérou, supervisant ses lignes de chemin de fer, ses mines, ses terres agraires, ses industries textiles. Ma tante a été l’un des tous premiers élèves de San Silvestre, la nouvelle école anglaise de Lima.
Pour autant que je comprenne, la vie des expatriés anglais était assez confortable. Il y avait des cuisiniers et des bonnes et des chauffeurs et des jardiniers, des bals et des parties de bridge et des pique-niques. Et, au bout d’un certain temps, tata Betty a décidé qu’elle en avait assez. Peu après la quarantaine, avec son mari anglo-péruvien et ses trois fils agés de 7 à 14 ans, elle a émigré vers un endroit aussi différent que possible du Pérou de cette époque, un endroit où l’on considérait que quelque chose n’allait pas chez vous, si vous ne saviez pas dresser vos propres clôtures, poser vos propres planchers, tirer vos propres fils électriques.
La vie Nouvelle Zélande lui convient de toute évidence très bien. Elle irradie d’énergie, elle rayonne d’optimisme. Des lettres s’envolent vers le monde entier à partir d’Auckland chaque semaine, la reliant à ses amis des quatre coins de la terre. Il y a deux ans, elle a passé deux semaines avec nous en Angleterre dans le cadre d’un tour du monde qui incluait une visite sur la tombe de mon oncle au Canada. Ses trois fils, mes cousins, ont grandi jusqu’à être aussi grands et forts que les arbres kauri dans leur patrie d’adoption.
C’est un endroit extraordinaire, la Nouvelle Zélande. Son air pur fait son effet même sur le visiteur le plus occasionnel. Il n’y a pas de pays plus éloigné de nous en distance et plus proche de nous en caractère. C’est presque comme le contrôle dans une expérience scientifique : un modèle de ce à quoi ressemblerait la Grande Bretagne si elle n’avait pas pris la décision calamiteuse de rejoindre l’Union Européenne.
Feliz compleaños, querida tia, y que te vaya bien.
Repris du blog de Daniel Hannan hébergé par le Telegraph, avec son aimable autorisation.