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WE DON’T LIVE HERE ANYMORE de John Curran (2005)

Publié le 26 décembre 2010 par Celine_diane
WE DON’T LIVE HERE ANYMORE de John Curran (2005)
Jack, Terry, Edith et Hank, ou la déliquescence au vitriol de deux couples WASP, aussi dérangeante et malsaine que chez Mendes (Les Noces Rebelles). Dans cette symphonie désaccordée, ballet échangiste d’une sourde violence psychologique, sonne le fracas des illusions perdues, où le temps de s’aimer s’est éteint, et où se vomissent désormais aux visages les haines et tourments, tous se trompant effrontément avec le partenaire de l'autre. Adaptant deux nouvelles d’Andre Dubus datée de 1936, Curran soumet une vision atemporelle de l’infidélité, avec ce ménage à quatre, catalyseur de tous les travers humains : trahisons, lâcheté, naïveté, jalousie et mauvaise foi. Sa peinture est sombre, complexe dans les sentiments qu’elle met en jeu, rappelant- dans cette sorte de Desperate Housewives version trash- les figures féminines d’un The Hours (Stephen Daldry), étouffées, agonisantes, emprisonnées dans des prisons dorées et des conceptions de vie qui n’offrent que peu d’espace au soi. Comme en témoigne l’obsédante recherche d’inspiration de l’écrivain (Peter Krause- Six feet Under) ou les escapades bucoliques des nouveaux amants, la nature en nouveau territoire, loin des cages que sont devenus les foyers. Laura Dern et Naomi Watts (les deux muses lynchiennes) en épouses simultanément trompées et adultères offrent une judicieuse percée dans la psyché féminine, grimaçant, hurlant, se tordant sous le regard acéré et sans pitié d’un auteur qui maîtrise à fond le sujet. Sa caméra se fait impudique, voyeuriste, brutale, s’immisce partout où cela fait mal, et crie tout ce qui fait mal ; quitte à envisager, caresser, étreindre le pire- à l’image de cette séquence terrifiante sur la falaise qui conçoit une seconde (et c’est suffisant pour nous glacer d’effroi) l’inqualifiable en seule issue. En cela, son film est fort, notable, et saisissant ; renvoyant dos à dos les hommes (inconséquents, faibles, monstres) et les femmes (exigeantes, menteuses, prêtes à tout) dans cette partie de jambes en l’air glaciale et radicale.
WE DON’T LIVE HERE ANYMORE de John Curran (2005)

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