“Dans cette région au climat rude qui avait subi les tourments de l’histoire, il sentait les caractères bien trempés et les habitants imprégnés de cette énergie qu’ils retiraient de leur terres, de leurs forêts, de leurs longs hivers, capables de garder des secret. Un diction lui revint en mémoire : Comtois, tête de bois.”
Prix du Quai des Orfèvres 2011 malgré ou grâce à un style simple, sans image et sans force, direct, propre à être lu dans les transports en communs.
Certes l’on aura appris quelque peu de la technique industrielle du bois, des presses et de la colle ainsi que du marché, mais même ce point particulièrement développé est à l’image du traitement des personnages, de la région, des plats, des vins, du scénario : Qui trop embrasse mal étreint.
Le lecteur attentif saura mettre un nom sur le coupable, grâce aux indices donnés, un peu trop facilement, au fil des pages. Comment ne pas regretter à la fin du livre l’abandon de belles pistes au profit des clichés. Impossible de développer sans dévoiler.
Une litanie de poncifs du Politiquement correct de Canal+ ; l’armée et ses fautes en Algérie, sauf un ! ; le brave militaire, amoureux des bisounours, préférant la paix à la guerre ; les étrangers que le France chasse honteusement de son sol ; les patrons exploiteurs et les salariés courageux et travailleurs ; les travailleurs immigrés depuis 20 ans vivant à l’écart de la population, forcément un peu raciste et xénophobe, par moins 15°C dans des bungalows ; et j’en passe…
Quelques invraisemblances inutiles et grossières
- Comment reprocher à Verdoux, DG, de refacturer au service central les frais de recherche engagés en local pour le compte du Groupe ! Mais c’est normal !
- Qui peut penser qu’une assurance-décès de 200 000€ au profit de l’épouse du DG disparu puisse être suspecte ! C’est l’inverse qui le serait !
Et pourtant, il y a là une plume qui se lie facilement, collée à l’air du temps, à la demande des lecteurs d’aujourd’hui. La citation en exergue tente à montrer la face cachée de l’auteur. Il ne faudrait pas grand-chose pour que Claude Ragon élimine les scories ; épure et approfondisse à la fois son scénario ; développe ces personnages et notamment le jeune Lieutenant Bruchet qui pourrait devenir un héros récurrent. Travail d’éditeur ?
Entretien avec Claude Ragon cliquez
NB : Et toujours cet inévitable perdurer utilisé à la place de durer : air du temps, influence de la télévision sur la littérature.
NB : Que le Jury du Prix du Quai des orfèvres, composé pour sa grande majorité de notable de la Police, mette à l’honneur un livre où l’on retrouve le catalogue du prêt-à-penser de Canal+ est un signe des temps.
Librairie Arthème Fayard, Novembre 2010, 8,90€uros, 358 pages au format poche.