LOGEMENT - A Collonges-au-Mont-d’Or, à quelques kilomètres à peine au nord-ouest de Lyon, les maisons, en pierres dorées du Beaujolais, sont chères et cossues.
Collonges-au-Mont-d’Or est la commune du Grand Lyon qui compte le moins de logements sociaux : 0,3%. Michel Reppelin, le maire (sans étiquette) essaie depuis plus de dix ans de faire bouger les choses. Une centaine de nouveaux logements sociaux seront sortis de terre d’ici fin 2011, soit un tiers des objectifs fixés par la loi SRU.«On décolle enfin, mais ça a longtemps été difficile», dit-il..
Sa première tentative remonte à 1997, sept ans avant que sa commune dépasse le seuil des 3 500 habitants à partir duquel la loi SRU s’applique. L’idée même de logement social a hérissé les riverains, qui ont déposé des recours aux procédures suffisamment longues pour que le bailleur social finisse par abandonner le projet. «Un classique dans ces communes aisées»,résume Olivier Brachet, le vice-président du Grand Lyon en charge du logement.
Sujet sensible.
Selon lui, l’article 55 de la loi SRU et ses menaces de sanctions ont eu un effet extrêmement positif sur les élus «qui font de réels efforts».
A tel point, note-il, «qu’il est difficile de dire aujourd’hui qu’il y a plus de réticences à droite qu’à gauche» à l’échelle des 55 communes du Grand Lyon. Ce qui n’était pas le cas il y a encore cinq ans. Avec 23% de logements sociaux et une géographie sociale qui commence à bouger, les communes du Grand Lyon sont plutôt des bonnes élèves de la loi SRU.
Le sujet reste cependant sensible du côté des habitants. A Saint-Didier-au-Mont-d’Or, très riche commune voisine de Collonges et 2,5% de logements sociaux au compteur, des riverains ont encore récemment attaqué un projet dans lequel la mairie avait imposé au promoteur 25% de logements sociaux. Ces recours n’aboutissent que rarement. Mais ils entretiennent le retard des communes.
A Collonges-au-Mont-d’Or, le maire explique avoir dû faire «beaucoup de com» auprès de ses administrés pour imposer les futurs projets. «Les gens imaginent des barres d’immeubles avec des antennes paraboliques. Alors, on montre les maquettes. On explique que ce sont de petites constructions, respectueuses de l’environnement patrimonial. On explique aussi que cela peut permettre aux couches moyennes et à leurs enfants de rester sur la commune.»
Pour ces communes riches, mais pauvres en logements sociaux, se pose surtout le problème du coût d’achat des terrains. «A plus de 800 euros le mètre carré, il est clair que l’on n’aurait pas pu lancer nos programmes si le Grand Lyon ne nous avait pas aidés à hauteur de plus de 500 euros par mètre carré», explique le maire de Collonges. Au Grand Lyon, où le défi consiste à rééquilibrer les proportions de logements sociaux entre cet Ouest aisé et l’Est des cités, cette question du financement du foncier est délicate.«Il est plus facile aujourd’hui de déghettoïser les villes de l’Est lyonnais que d’introduire de la mixité dans celles de l’Ouest», résume Olivier Brachet, vice-président du Grand Lyon.
Classes moyennes.
A l’Est, dans des villes comme Vaulx-en-Velin, la construction de nombreux programmes privés non sociaux, parallèlement à l’implantation d’entreprises et au développement des transports en commun rapides, a permis d’attirer des classes moyennes et supérieures en nombre. Alors que dans l’Ouest, le prix élevé du foncier et, très souvent, le peu de possibilités de développement économique freinent considérablement le mouvement en faveur de plus de mixité.
«Il ne faut pas que cette loi masque le fond du problème du logement»,s’inquiète Olivier Brachet. Il rappelle qu’aujourd’hui, «deux habitants sur trois du Grand Lyon sont éligibles au logement social» et que «les familles de classes moyennes ne peuvent plus se loger dans le centre-ville de Lyon».
Alice GÉRAUD
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