Entre la neige là-bas et les orages ici, dans ces fêtes obligatoires auxquelles je ne me fais pas et qui m'énervent de plus en plus - comment, le jour de Noël, trouver un restaurant qui propose une nourriture simple au lieu d'un menu tarabiscoté et prétentieux? -, le moment est venu de faire une sorte de bilan.
C'était quoi, le meilleur de ce qu'on a lu en 2010? (Puisque, en ce qui me concerne, 2010, c'est fini - je suis dans les lectures de 2011.)
Personne ne peut établir un classement absolu, puisque personne n'a tout lu. Dans les rédactions, les différents critiques recoupent leurs choix pour fournir une liste globale dans lesquelles il manque moins de choses. C'est ce que nous avons fait au Soir, pour vingt-cinq livres portés aux nues, dans tous les genres.
Je suis plutôt content: celui que j'avais classé en tête s'est aussi retrouvé premier de la liste générale. Le reste subit évidemment d'autres influences. Comme je ne peux justifier que mes goûts, je vais les assumer.
Avec deux mots d'explication préliminaire pour dire à quoi correspond mon espace de lecture par rapport à l'ensemble des parutions. Je ne parle que du roman (même si, dans mon classement, il y a d'autres choses). Reprenant, il y a quelques jours, la bibliographie de rentrée de Livres Hebdo, qui recensait 701 titres parus entre août et octobre, je constate que j'en ai lu exactement 80. Soit 11% de la production. Je dois être à peu près dans les mêmes proportions pour le reste de l'année, j'estime donc que je lis 10% des romans qui paraissent en France. Peu ou beaucoup? Je n'en sais rien. Pas assez à mon goût, en tout cas.
Voici, dans l'ordre de mes préférences, quinze livres dont on ne peut se passer.
(Un modem explosé a retardé cette note de quelques jours.)
Claro, CosmoZ (Actes Sud)
Définitivement le roman le plus fou, le plus ambitieux et le plus réussi de l'année.
Olivier Rolin, Bakou, derniers jours (Seuil)
Meilleur récit de voyage, dans la dispersion d'instants ultimes, ou supposés pouvoir l'être - ultimes.
André Brink, Bifurcations (Actes Sud)
Meilleure autobiographie, genre difficile auquel André Brink apporte, avec son histoire, tout son talent.
J.M. Coetzee, L'été de la vie (Seuil)
Tiens! Mon meilleur roman étranger est déjà le deuxième écrivain sud-africain de la liste.
Paul Verhaeghen, Oméga mineur (Cherche midi)
Oh! Deuxième apparition de Claro, puisqu'il a traduit ce roman.
Maylis de Kerangal, Naissance d'un pont (Verticales)
Non, je ne suis pas fâché avec les prix littéraires, la preuve...
David Vann, Sukkwan Island (Gallmeister)
Une grande découverte, chez un éditeur de petite taille. Le deuxième livre sera difficile, on l'attend.
Sofi Oksanen, Purge (Stock)
Un raz-de-marée totalement justifié. Et, non, je ne suis pas fâché avec les prix (bis).
Laurent Binet, HHhH (Grasset)
Le titre le plus incongru de l'année, Goncourt du premier roman (ter) pour un auteur à suivre absolument.
Caroline De Mulder, Ego tango (Champ Vallon)
Encore un prix (Rossel) pour le meilleur premier roman de la rentrée, envoûtant.
Simonetta Greggio, Dolce Vita (Stock)
Le roman le plus sous-exposé de la rentrée (paru un peu trop tard, peut-être), une formidable évocation des années de plomb en Italie.
Colin Thubron, En Sibérie (Hoëbecke)
Deuxième récit de voyage, genre où l'on trouve du bon et du moins bon. De l'excellent, ici.
Philippe Forest, Le siècle des nuages (Gallimard)
Un oubli injuste de la part des prix littéraires - je suis parfois fâché avec ceux-ci.
Jonathan Coe, B.S. Johnson (Quidam)
La meilleure biographie de l'année (j'en ai lu assez peu), à propos d'un écrivain méconnu.
Philippe Genion, Comment parler le belge (Points)
Le meilleur livre de poche de l'année (j'en ai lu beaucoup).