Noël tendu
Thierry Carbiner a semblé prendre avec bienveillance cette envie de « positivation de nos relations ». « J’espère bien que ce sera une réalité », a-t-il lancé après un énième débat entre les deux hommes sur la responsabilité de la dette abyssale de la commune. « On ne va pas se la jouer tu es payeur, je suis payeur », lêche alors le maire dans un sourire, face à la mine grave de son opposant. « Il y avait une situation quand on est arrivé [à la tête le la municipalité], les faits sont là. Nous n’avons jamais été d’accord sur le diagnostic, poursuit Emile Blessig. Nous nous entendrons quand nous serons d’accord sur le diagnostic…J’ai pensé que la médiation de la chambre régionale des comptes y parviendrait (…). Je ne cherche pas de responsable, je constate les faits. »
L’observateur aura d’abord peut-être été tenté de croire à une « politique de la main tendue ». Il s’avère en fait que ce qu’il y a de plus tendu entre les deux élus, c’est leur relation ;
A la fin du conseil municipal, le maire a répondu à une question de l’élue d’opposition Pascale Bongard, posée plus tôt lors de la séance en l’absence d’un Thierry Carbiener retardé d’une vingtaine de minutes. Elle a demandé à Emile Blessig « des éclaircissements » quant à la lettre en date du 30 novembre envoyée par le maire aux conseillers généraux bas-rhinois. Dans cette missive, à laquelle il a joint le journal municipal d’automne, il attire leur attention sur la tribune de l’opposition, qui « illustre un climat assez difficile au sein du conseil municipal, et je ne voudrais pas qu’il puisse en résulter des prolongements préjudiciables à Saverne lors de l’analyse de certains dossiers de financement ou d’intervention par le Département ».
« Vous nous accusez littéralement de porter préjudice à notre ville », s’est indignée Pascale Bongard. Emile Blessig a expliqué les raisons de cette lettre. Il a d’abord évoqué le dossier de la future gendarmerie savrnoise, que la municipalité souhaite caser dans l’ancien lycée Claude-Chappe « en accord avec la gendarmerie et le ministère de l’intérieur », alors que l’ancien maire l’aurait bien vue s’installer zone du Martelberg. Et le maire de raconter que la Sibar, en charge de la construction de la caserne et qui avait « déjà lancé un concours d’architectes », l’a contacté pour l’informer que tout était suspendu. Selon Emile Blessig, citant le directeur de la Sibar, cette décision est la conséquence d’une intervention du « conseiller général qui représente 46% des Savernois ».
« J’étais tout à fait estomaqué », a soufflé Emile Blessig, qui pour sauver « la légitimité de la ville » a affirmé s’être posé la question : »Que faire ? » Il a opté pour cette lettre aux conseillers généraux, une réponse aussi à la tribune de l’opposition dans le journal municipal. « J’espère que la prochaine tribune sera moins insultante, mais violente, je clos la séance », a conclu le maire sans détour.
Thierry Carbiener tentera de répondre, de démentir, mais il ne sera pas entendu dans le brouhaha des élus de la majorité qui se sont levés de leur chaise, ont lancé à la cantonades des « joyeux Noël ! »Et à l’année prochaine.
Julien Eynard
Source : www.dna.fr