La fin de l'année approchant à gands pas, il était temps pour moi de vous parler de l'un des albums rock les plus réussis de ces derniers mois, à savoir ce 5e opus du groupe New Yorkais The National intitulé "High Violet". Composé de 2 frateries et d'un "indépendant" (Aaron et Bryce Dessner à la basse et à la guitare, Bryan et Scott Devendorf à la batterie et à la guitare, et enfin Matt Berninger, chanteur et auteur), The National se forme en 1999 et sort un premier album éponyme en 2001. Le début du succès international interviendra suite à la sortie de leur 2e disque, "Sad Songs For Dirty Lovers", et la France de Libération et de France Inter s'acclimate avec délice de la noirceur apparente que renvoie l'atmosphère de leur musique tout en plébiscitant la qualité artistique de leurs chansons. Un univers noirci par un état dépressif sous-jacent conduit par un rock original et lentement construit offre un son brut jusqu'alors peu orchestré. La transition constructive et musicale s'opèrera avec la sortie du EP "Cherry Tree", plus abouti et ouvertement plus "puissant", une marque de fabrique qu'ils ne lâcheront plus et qu'ils auront à souhait de faire évoluer au fil des ans.
Vous l'aurez compris, ce disque était très attendu par la sphère mélomaniaque déjà habituée à savourer chacune de leurs productions depuis maintenant plus de 10 ans, et certains critiques musicaux n'hésitent désormais plus à scander haut et fort que The National est le meilleur groupe du moment. Personnellement, j'étais jusqu'ici passé totalement au travers, les découvrant pour la première fois il y a peu de temps à la suite de nombreux éloges que j'ai pu lire sur différents blogs. Quelques écoutes prolongées me verront contraint et forcé d'acquérir leur dernière oeuvre qui semble être la plus réussie de toutes.
"High Violet" ne se dévoile pas immédiatement comme un indispensable. Un son plutôt plat, un groove quasi inexistant, des guitares et une batterie relégués à l'arrière plan, la voix grâve et quelque peu monocorde de Matt Berninger en avant, à mes yeux rien ne semblait prédisposé cet album à figurer dans mon top 2010 (le côté new-wave me laissait perplexe sans pour autant entamer mon enthousiasme naissant). C'était sans compter sur la redoutable efficacité des mélodies alliées à des arrangements somptueux de cuivres ou de cordes. On est d'emblé séduit par la couleur générale plus que par les détails de la construction musicale, si bien que l'ensemble s'écoule tranquillement sur plus de 47 minutes sans la moindre pression acouphénique dérangeante. Mieux, comme un bon vin sortie d'une cave d'oenologue, "High Violet" ne se dévoile pas immédiatement et demande plusieurs dégustations répétées pour en saisir toutes les nuances. Attention tout de même, car une fois la bouteille entamée il devient dur de s'arrêter.