Festival BBmix, Le Carré Bellefeuille, Boulogne-Billancourt, du 26 au 28 novembre 2010
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Vendredi 26 novembre : The Warlocks, Bonaparte, Bobby Conn, Too Young to Die
Pour cette sixième édition, qui prend place pour la deuxième année consécutive dans la belle salle du Carré Bellefeuille, les organisateurs inaugurent une petite nouveauté : chaque soir, c’est un groupe local, vainqueur du tremplin Go West organisé en mai dernier, qui aura la lourde charge d’ouvrir les festivités. Une bonne idée qui peut vite tourner au vinaigre quand le jury chargé d’élire les trois formations gagnantes semble avoir fait preuve de goûts douteux (encore un coup de Pascal Fourbus, on n’en doute pas). La petite troupe de Too Young to Die, qui étrenne ce soir l’immense scène du Grand Carré, en est malheureusement la preuve flagrante. Emeline, qui a déjà eu l’honneur de les supporter à l’occasion de différentes Fêtes de la Musique infernales, soupire avant même la première note, tandis que Patrice et Aki s’enfoncent désespérément dans leurs sièges. On a beau faire tous les efforts du monde, le ska-punk ne sera jamais notre tasse de thé, surtout quand il est agrémenté de paroles dignes des morceaux de Tryo les plus engagés. Le patron est trop une sale pourriture de capitaliste, lol. Verdict : on aurait mieux fait de rester au bar boire une bière à 7,50€.
Tout juste débarqué de son Doubs natal, Benoît, notre rédacteur en chef préféré, arrive juste à temps pour admirer le déhanché outrageusement gay du claviériste de Bobby Conn… et regrette de ne pas être arrivé encore plus en retard : “Bobby Conn, même pas Mash. Je ne connaissais pas ce groupe venu de Chicago, son chanteur au faciès poudré faussement jaggerien, son barbu de claviériste à l’entrejambe démesuré, sa violoniste à couettes, leurs slims-treillis de parade et leur glam rock. Heureusement me direz-vous, car j’aurais sûrement retardé quelque peu ma venue. Non pas que de prime abord ce type de musique à la mise en scène intentionnellement forcée me rebute. Au contraire, il fut par le passé bien souvent une source estimable de plaisir et d’étonnement. Mais malheureusement, lorsque l’exubérance scénique est à ce point mêlée d’inconstance et de ringardise, on tombe facilement dans le ridicule que seule une musique hautement qualifiée aurait pu camoufler. Mauvaise blague donc que ce tableau de soldats en goguette désarmés par les sourires en coin d’un public heureusement pour lui confortablement assis…”
Pendant que le quintette remballe sa trousse à maquillage et que les Hartziners se dispersent, un drôle de bordel prend place sur la scène, promettant une prestation haute en couleurs et une nouvelle fois riche en rimmel. Les huit trublions de Bonaparte n’ont en effet pas l’habitude de se présenter au public dans leur plus simple appareil (quoique…). C’est donc affublés de costumes tous plus fantaisistes les uns que les autres qu’ils débarquent, sous les yeux émerveillés du public et les cris des fans qui ont rejoint le premier rang. Le groupe, basé à Berlin mais accueillant en son sein de multiples nationalités, présente un show hybride, entre la performance musicale et le cirque. Pendant que les quatre musiciens dispensent leur “punk moumouteux” (sic) et oubliable sans faiblir une seconde, quatre performers - deux hommes et deux femmes - illustrent et vivent les morceaux en incarnant divers personnages. Plutôt gentil au début, le show devient de plus en plus malsain et dénonciateur, prenant parfois le tour absurde d’une performance Dada. Du sexe à la souffrance physique, les quatre acteurs ne négligent aucun moyen de mettre en exergue nos travers. Malgré le non-sens volontaire, rien ne semble gratuit, et tout concourt à révéler les vices du genre humain - concupiscence, lubricité et dérives des amours virtuelles. Au moment où les deux filles, nues, se livrent à un girlfight d’anthologie, on a une pensée émue pour nos collègues masculins restés chez eux. Pendant que Patrice texte une photo à Nico, les corps finissent par s’épuiser et Bonaparte quitte la scène dévastée, nous laissant, comme Momus l’année dernière, un souvenir à la fois amusé et amer.
Après un bon coup de balai, exit les costumes loufoques et le maquillage outrageux, changement total d’ambiance et place à la légende psychédélique de Los Angeles. C’est dans une ambiance sombre et à l’image de leur musique (ou alors le préposé aux lumières est parti se coucher) que les très attendus The Warlocks débarquent. Peu loquace, le délicat Bobby Hecksher, rencontré quelques heures auparavant pour une interview, délivre les morceaux de sa voix hypnotique, brillamment secondé par ses quatre acolytes. Et ce n’est pas parce que son jean est trop petit et qu’il ressemble au fils de Brian Molko et Nicola Sirkis avec quelques kilos en trop qu’il n’est pas élégant. Les mouvements de cheveux de la bassiste Mami Sato, quant à eux, ne dépareraient pas dans un groupe de death métal. La fatigue aidant, les morceaux paraissent rapidement répétitifs et la performance un peu trop monolithique - c’est souvent l’inconvénient de la musique psychédélique en live. Chez Hartzine, on ne décolle pas face à ce set pas très spontané, certains abandonnant même avant la fin - parmi ceux qui restent, les paupières se font de plus en plus lourdes et on se serait bien passé du rappel. Vite, mon lit.
Samedi 27 novembre : The Raincoats, The Radio Dept., Young Michelin, The Notes, The Berniz
De retour au Carré Bellefeuille, frais et dispos, on se penche sur le programme des réjouissances de la deuxième soirée du festival, très éclectique, voire décousu. Un peu en retard - la faute à un certain trio de Suédois visiblement mal réveillés - on attrape au vol la fin de la prestation des Berniz, grands gagnants du tremplin Go West. Et on ne va pas nier le fait qu’ils méritaient largement plus la victoire que leurs collègues de la veille. Si leur son influencé par les 60’s, The Doors en tête, n’est pas ce qui se fait de plus original sur le marché, on sent une véritable sincérité dans leur prestation, et une culture musicale beaucoup plus avouable que celle de Too Young to Die. Arrivé seulement pour les trois derniers titres, on n’en saura pas plus sur leur amour pour les ponchos (attention, dans cette tenue on a vite fait de ressembler à un Péruvien jouant des reprises de My Heart Will Go On à la flûte de Pan), mais un album est apparemment dans les tubes. On lui souhaite beaucoup de succès.
La scène du Carré Bellefeuille est immense, c’est un fait. Dans les différentes tentatives des groupes pour l’occuper, The Notes sont sans doute ceux qui s’en sont le plus mal sortis. Très jeune trio débarqué d’Angleterre et déjà fort d’un album sorti en novembre, Wishing Well, Lauren, Sam et Aaron semblent complètement perdus dans cet espace infini, minuscules et frêles. Tandis que la chanteuse et le guitariste se tiennent chaud d’un côté, le bassiste s’escrime tout seul à l’autre bout, tentant tant bien que mal de jeter des regards à ses camarades. Lauren, arrimée à son micro comme si sa vie en dépendait, semble terrorisée. Elle introduit de sa voix fragile chaque morceau dans une tentative désespérée de communiquer avec le public. Ce dernier, tout ouïe, ne se laisse pas avoir par la sensation de vide procurée par tout l’espace inoccupé et l’absence totale de jeu de scène, et paraît apprécier la pop chétive et délicate de The Notes, construite toute en broderies de guitare sur le canevas de la boîte à rythme et de la basse. Les Young Marble Giants n’ont qu’à bien se tenir.
Place aux Power Rangers de la pop française, racontés par Benoit. “Les Young Michelin, pulls-over rayés et musique inspirée sont attendus au tournant après leur victoire logique au concours CQFD. Cette bande de potes, créée autour de Romain Guerret alias Dondolo, nous explique d’ailleurs en apparté sa crainte de jouer face à un public assis, cette posture étant particulièrement propice à la critique plutôt qu’à la communion, surtout pour une musique naturellement portée vers les expériences scéniques de proximité. Effectivement la scène paraît soudain bien grande, l’endroit trop guindé ; les notes urgentes et les mots volontairement désuets de ce rock anti-bourgeois ne parviennent pas à s’adapter au lieu. La moiteur, les effluves d’alcool et les casseurs de sièges n’ont pas réussi à pénétrer le Carré Bellefeuille et à le transformer en un vieux rade de quartier populaire. Au final le groupe semble comme étouffé par la placididé de ce public introverti et une distance toute logique s’installe jusqu’à la fin entre le sextet et la salle. Dommage.”
A force de changements de styles, on finit par avoir un peu le tournis, mais les Suédois de The Radio Dept. vont se charger, grâce à une prestation sans faute, de nous fixer, bouches bées, à nos sièges. La preuve par trois avec Nicolas… “The Radio Dept. se fait trop rare dans notre pays, cela reste un fait avéré. Trop rare car si l’on se réfère à la prestation de ce samedi 27 novembre, force est d’avouer que ce groupe est l’incarnation parfaite d’une indie pop qui joue volontairement la carte de la simplicité et de l’efficacité. Rencontré peu de temps avant le concert, le groupe, rincé par un périple sans fin pour rallier la France et très peu d’heures de sommeil, ne semblait pas dans les meilleures conditions pour performer à hauteur des attentes placées dans le groupe de Lund. Avec une setlist-compilation fidèle à la dernière sortie CD du groupe (collection de singles et de faces B), The Radio Dept. a livré une prestation juste. Leur shoegaze n’a rien de fluet sur scène, c’est peut-être là le principal enseignement : l’attelage guitare et basse est omniprésent, la voix n’est pas en reste… Tout est juste et carré, peut-être même un peu trop… Les superlatifs appliqués à leurs albums s’appliquent aussi à leur prestation scénique ; il est quasiment impossible de dire du mal de ce groupe. Une confirmation.”
Malgré la claque qu’on vient de se prendre, il n’est pas question de relâcher notre attention - ce soir, on nous l’avait promis, les petits nouveaux enchaîneraient sans répit avec les vieilles légendes. C’est le tour des mythiques The Raincoats, dont le concert est un événement en soi puisque les bougresses n’ont pas joué en France depuis une bonne paire de dizaines d’années. Même estropiées d’une de leurs membres historiques, elles ont rappelé quelques bons souvenirs à Virginie… “Comme elles à leurs débuts, j’avais à peu près 20 ans et j’étais aux Beaux-Arts quand mon mec de l’époque, très calé en punk, m’a fait découvrir les Raincoats et leur fantastique premier album Fairytale in the Supermarket/In Love/Adventures Close to Home. Premier groupe entièrement féminin (quoiqu’avec les Slits, elles ont dû arriver presque simultanément, en 1978-1979), leur son post-punk si particulier, mêlant violons, dissonances et chant choral, est resté gravé dans nombre d’esprits, Kurt Cobain et Kim Gordon les citant même dans leurs influences majeures. Bref, leur retour sur scène après presque trente ans d’absence, c’était un événement à ne pas rater. Enfin c’était sans compter sur une malheureuse chute de la leader du groupe, Ana Da Silva, pendant les balances le jour-même - elle ne put donc pas assurer le show avec ses compères Gina Birch et Anne Wood. Les deux rescapées, accompagnées d’un batteur, ont malgré tout décidé de nous offrir le meilleur d’elles-mêmes ce soir, et j’avoue que c’est avec une joie presque enfantine que je me suis laissée aller à taper du pied et à gigoter sur mon siège sur No Side to Fall In, sûrement ma préférée de toutes leurs comptines folk-punk dégingandées. Certes, ces dames ne sont plus toutes jeunes (dans les 60 ans à vue de nez), et le look un peu défraîchi de Gina peut donner quelques frissons (non aux couettes après 12 ans, ndlr), n’empêche qu’elles envoient vraiment. Tout ça en improvisant pour remplacer Ana, perso, je dis standing ovation et c’est tout. Mention spéciale à la violoniste Anne Wood, bête de scène montée sur ressorts.”
C’est donc dans la joie, la bonne humeur et dans les reflets des yeux humides des groupies repues que s’achève la deuxième soirée du Festival BBmix. Le dimanche promettant de ne pas être de tout repos, Hartzine regagne gentiment ses pénates et se prépare pour le purgatoire. Après Gina Birch et ses couettes, place à Michael Gira et son regard qui glace le sang.
Dimanche 28 novembre : Swans, James Blackshaw, Edgar Pilot
Pour cette dernière soirée du festival, le public se fait plus chevelu, à l’image d’un Thor Harris qui promène son petit corps musculeux et poilu devant le stand de nos amis des Boutiques Sonores, toujours fidèles au rendez-vous. Mais avant de parler headbang, revenons sur la traditionnelle conférence proposée par BBmix. Après Syd Barrett en 2009, le punk est cette année mis à l’honneur par l’érudit Pierre Mikaïloff, dont vous avez probablement déjà croisé le nom dans une librairie ou dans l’ours d’un fameux magazine dirigé par un mec à lunettes noires. Avant qu’il s’attarde sur le cas de ce mouvement musical en France, nous assistons à la projection de Punk Attitude, un film de Don Letts, le DJ anglais d’origine jamaïcaine qui fit découvrir le dub et le reggae aux punks locaux et, caméra à la main, documenta ce milieu de l’intérieur. Au fil de l’histoire, on retrouve, au hasard, Ari Up (repose en paix, ô bretzel géant), un Thurston Moore intarissable sur Patti Smith ou encore le génial Henry Rollins de Black Flag, que l’on a récemment vu jouer un néo-nazi dans la série Sons of Anarchy - comme quoi le punk hardcore mène à tout.
On retrouve pour la dernière fois les sièges moelleux du Carré Bellefeuille et sa scène toujours démesurée. Pourtant, ce soir, elle paraît deux fois moins grande : les Swans l’ont déjà encombrée de tout leur matériel et d’un véritable mur d’amplis Orange, obligeant les derniers lauréats du tremplin boulonnais, Edgar Pilot, à jouer en formation étriquée. Solide, le trio n’a rien de plus original à proposer qu’un bon gros classic rock 70’s. Du déjà entendu, mais tout à fait honnête.
Et pour une fois, les petits Boulonnais s’en sont mieux sortis que l’insupportable Londonien qui va suivre, dont Aki n’a pas pensé que du bien. “Affalé dans mon fauteuil en velours rouge, je trépigne en attendant les Swans. J’admire le backline sur scène, les yeux ensommeillés par un week-end chargé d’excès (bordel, on est dimanche quand même). Il semble que je ne suis pas le seul à avoir abusé d’ailleurs, un être venu d’ailleurs (mi-blond, mi-roux) essayant toutes les places disponibles avant de décamper en titubant. Ahhhhh, c’est aussi ça la gaillardise boulonnaise. Bref, les bras de Morphée m’enserrent de plus en plus, lorsqu’enfin James Blackshaw monte sur scène. Même si l’artiste à un nom à coucher dehors, il est indécent de se moquer des handicapés. La preuve en est que celui-ci doit assurer sa prestation assis (ou peut-être n’est-il qu’un miroir au public du Carré Bellefeuille), et que la force lui manque pour se couper les ongles de la main droite, horriblement longs - l’homme n’est assurément pas ambidextre. En tout cas, pas un reproche à faire sur sa dextérité à manier son instrument. Blackshaw balade ses doigts sur les cordes de sa guitare avec une insolence rare, composant des mélodies riches et hypnotiques. La résonance du frottement des cordes laisse planer le doute sur la présence d’un second instrument. Pourtant, James Blackshaw est bien seul avec sa gratte acoustique, démultipliant son talent à la seule force de son poignet. Autant dire qu’il s’agit là du genre de mec que vous n’inviteriez jamais autour d’un feu camp de peur de rentrer bredouille, le gaillard ayant déjà ensorcelé la moitié des coquines de la région au son de sa guitare. Sauf que cinq minutes de Jeux Interdits, ça va, mais une demi-heure, ça devient rapidement soporifique. Sous des faux-airs d’instrumentaux folk mélancoliques, le musicien enchaîne une série de morceaux répétitifs dénués de toute variation. Au final, on ne sait pas si le public l’acclamera pour le prodige de sa prestation ou pour le remercier de se casser. En tout cas, il était temps que Blackshaw quitte la scène, car de mon côté j’avais salement commencé à bavé sur mon fauteuil.”
Après ce set interminable, il est temps de se secouer un peu. Laissons la parole à David, notre envoyé spécial au septième rang. “Cette reformation des Swans était très attendue ce dimanche au festival BBmix, et c’est un public en majorité masculin et de connaisseurs qui se bouscule pour voir le mythe sur scène. J’ai découvert leur existence cette année grâce à la chronique d’Aki (lire), leur album My Father Will Guide Me Up a Rope to the Sky étant l’un des meilleurs disques de cette année écoulée. Michael Gira s’était depuis les années 90 concentré sur d’autres projets musicaux, particulièrement sur son label Young Gods, dont la signature James Blackshaw a assuré la première partie. Le calme avant la tempête… L’Anglais évacué, le public s’installe ; les fauteuils se font déjà rares et les côtés de la scène sont le théatre de prises de becs entre les fans des Swans ne voulant pas des places aux extrémités et les agents de sécurité. Un larsen masque déjà toute cette agitation dix bonnes minutes avant l’entrée en scène de Phil Puleo, qui laisse alors s’échapper une salve de sons tournoyants du dulcimer. Au tour de Thor Harris de se saisir de marteaux en bois pour sonner un sytème métallique de 2,20 mètres de hauteur qui transforme l’amphithéatre en cathédrale. Christophj Hahn, un ersatz de Big Lebowski, fait son apparition. Décontracté, il s’attable à ses guitares couchées pour les malmener. Chris Pravdica s’empare de sa basse alors que le maigre et stoïque Norman Westberg empoigne le manche de sa guitare. Le frontman Michael Gira entre sous des applaudissements nourris de la salle impatiente d’entendre l’apocalypse annoncée par cette messe interminable et angoissante. Enfin prêt à recevoir les foudres de ce ciel lourd et noir, la disto s’enclenche et écrase tout sur son passage, l’air semble pompé par ce trou noir sonique qu’est No Words/No Thoughts. Ma colonne vertébrale se met en branle, un courant de frissons me traverse de part en part, je ne peux empêcher ma mâchoire de se décrocher, confortablement installé dans mon fauteuil rouge - le son produit me met littéralement à genoux. Des riffs chauds comme de la lave en fusion s’écrasent sur les coups massifs des fûts à une cadence égale aux frémissements qui de haut en bas se cherchent un passage dans ma chair. Entre ces lourdes frappes répétitives s’intercalent de courts silences où l’on reprend une bouffée d’air avant que le groupe s’embrase à nouveau dans un chaos assourdissant, un mur de son d’une puissance rare qui ferait sortir vos yeux de leurs orbites. Mon corps est projeté au sol et j’ai l’impression en même temps de décoller, je jubile, le bruit brouille absolument tous mes repères. Malheureusement, la puissance encaissée par le corps ne l’est pas pour l’ampli de basse et les retours qui sautent avant la fin de cette démonstration de force. Trente minutes d’interruption ou l’on peut mesurer la folie ambiante, voir l’agressivité de certains restés debouts devant et insultant copieusement le parterre alors que d’autres s’improvisent ouvreuses et distribuent des biscuits à tous les culs vissés sur leur fauteuils. Le show reprend mais jamais l’intensité du départ ne sera égalée.”
Un dernier concert en forme de petite mort, apogée d’un festival dont la qualité de la programmation n’est plus à prouver. Le public enthousiaste ne s’y est d’ailleurs pas trompé, tout comme les médias, venus en masse cette année. Si l’on se fie au nombre de photographes qui se sont marchés sur les pieds au premier rang - alors qu’Hartzine était presque seul en 2009 -, le petit festival confidentiel de l’ouest parisien est devenu grand, sans trahir pour autant sa vocation défricheuse et… Ah, on me demande de passer une annonce : “Cherche plusieurs paires de tympans perdues pendant le concert des Swans. Merci de contacter la rédaction.” On aimerait bien les récupérer pour la prochaine édition.
Article réalisé par Emeline Ancel-Pirouelle en collaboration avec Akitrash (James Blackshaw), Benoît (Bobby Conn, Young Michelin), David (Swans), Nicolas (The Radio Dept.) et Virginie (The Raincoats).
Merci à Virginie Pargny, Pascal Bouaziz et toute l’équipe de BBmix.
Lire le report de l’édition 2099 du Festival BBmix.