Supernatural. (crée par Eric Kripke)
Saison 5.
Caïn & Abel.
Je vous communiquais ma joie, il y a une dizaine de jours, de constater l'amélioration qualitative de cette série à compter de sa quatrième saison. Au terme de la suivante, (qui aurait du être la dernière) mon sentiment reste inchangé. Il est d'ailleurs intéressant de relever la constance qu'il y a entre les deux. La série continue à jouer sa partition apocalyptique, sur différents tons, tout en creusant la psyché de ses deux héros. Solide.
Persistance des caractères.
Les changements entamés dans le caractère des deux frères se poursuivent. Tout est mis en œuvre pour les opposer, les faire devenir deux antagonistes forcés de s'entre-tuer. La trame principale est utilisée comme moyen d'y parvenir. Sam est l'hôte de Lucifer, Dean est l'hôte de Michaël. Les deux archanges possèdent la même histoire que les deux frères. Un père absent et tyrannique, le cadet qui s'y oppose. Dieu le père, dont les deux fils d'Adam et Ève, Caïn et Abel, se disputent l'amour et qui les conduira inexorablement à la jalousie et au meurtre. En reconsidérant la série, son thème principal a toujours été celui-ci, les monstres et compagnie était en fait très secondaires. Tout au long de la saison, le poids de leur destinée pèse sur leur relation et sur leur comportement. Dean a été le premier à craquer. La mort d'Ellen et surtout de Jo l'ont poussé à abandonner tout espoir. La fatigue, couplée à sa volonté de vivre une vie normale auprès de Lisa et Ben, ont raison de sa détermination. Le voir prier, lui, le non croyant possède quelque chose d'émouvant. Sam de son côté, porte sur lui le poids de la culpabilité. Même s'il espère un moment que tout s'arrangera en s’éloignant de son frère et de son destin, il comprend vite que ce ne sera pas suffisant. Ne lui reste plus qu'à embrasser la voie du sacrifice, en guise de rédemption. A côté, Bobby bénéficie d'un peu plus de profondeur cette année, en tant que point d'ancrage pour les héros, un moyen de ne pas perdre le nord. Il est un père que les boys n'ont jamais eu. Castiel est toujours aussi intéressant et solidement interprété. Le parallèle entre sa vie et celle de Dean -suivre les ordres d'un père absent- donne une certaine connivence à leur relation. Et leurs scènes partagées sont toujours très réussies. Au final, la série repose sur la finesse d'écriture de ses personnages et sur les interactions qu'il existe entre eux.
This is the end.
Au niveau mythologie, cette saison conclut une trame entamée il y a cinq ans. Plus rien ne semble pouvoir éviter l'Apocalypse voulue par l'Enfer et le Paradis. Lucifer, interprété par Mark Pellegrino (le Jacob de Lost) est un excellent ajout. Loin de l'être méga-démoniaque auquel on s'attendait, il interprète le diable avec son flegme habituel. Dommage qu'il n'apparaisse que dans cinq épisodes... L'autre idée intéressante est l'arrivée des quatre cavaliers de l'Apocalypse. Eux aussi joliment campés, ils apportent un plus aux épisodes dans lesquels ils apparaissent. Mention spéciale à la famine que j'ai trouvé excellent. Les archanges sont également intéressants: Michaël que l'on ne voit pas beaucoup, Lucifer donc et Gabriel, sorte de Dean bis vraiment hilarant. Seul Raphaël que l'on ne voit qu'une fois est particulièrement raté. N'oublions pas non plus l'ange Zachariah (excellent Kurt Fuller) et le démon Crowley (lui aussi sorte de Dean, décidément une récurrence). Au final, ce bestiaire toujours décimé puis enrichi à nouveau permet à la série de rester fraîche, attractive et diablement prenante. Un petit bémol tout de même. Il plane un sentiment d'inaction, de surplace sur certains épisodes. Cela ne gâche en rien le plaisir mais quelques épisodes de moins auraient permis d'être plus directs (notamment dans les relations des deux frères, certaines scènes sentimentales faisant redites).
Variation de ton.
La série conserve ce qui a fait son charme les années passées. Elle ne se prend toujours pas au sérieux et l'auto-dérision est reine. Chaque situation grave est désamorcée par une blague de Dean (toujours aussi savoureuses), un comique de situation ou par la mise en exergue du ridicule des péripéties. Quelques exemples. La fan de Supernatural qui leur dit que le fait d'avoir élargie la mythologie aux anges est une bonne idée car les démons, à la longue, c'est redondant. Ou encore Zachariah qui sort que les boys sont érotico-co-dépendants l'un de l'autre. Ce sont des détails mais ils confèrent son charme à la série. Dernier exemple Castiel, toujours décalé avec les coutumes humaines (vous êtes sur le répondeur de : “je ne comprends pas pourquoi vous me demandez mon nom” laissez un message.....). Un épisode concentre tout cet humour: le 508.
Changing Channels.
De loin mon épisode préféré de la série. Il prouve qu'elle ne se prend pas au sérieux tout en étant hilarant. Ainsi, l'archange Gabriel les piège dans TV Land et ils sont forcésd'interpréter les personnages d'autres séries. Cette brillante idée permet de moquer gentiment les défauts et travers des autres (sauf pour David Caruso qui en prend plein la gueule et qui le mérite). Passent à la moulinette: Grey's Anatomy, CSI Miami, K2000, la publicité, les jeux japonais, les sitcoms). Mythique.
Malgré ses défauts de plus en plus apparent au cours de cette saison (sensation de surplace, co-dépendance des héros trop présente et poussant à la répétition...), la série reste toujours autant prenante et référentielle. Quant à la fin, si elle reste un peu trop ouverte à mon goût (commencer quelque chose c'est facile, le finir c'est plus ardu dixit Chuck qui s'excuse pour les scénaristes), elle apporte une bonne conclusion aux deux frères, ce qui demeure l'essentiel. Pourtant, une saison 6 a été commandé. Ce qui me déplaît fortement car Eric Kripke lâche son poste et qu'elle devait s'arrêter. C'était prévu comme cela. Tout est bouclé et tout a été dit. Je ne sais pas si je regarderais la suite (du moins pas tout de suite). Je préfère rester sur une bonne impression.
Note: