Concert lundi dernier 14 janvier au Théâtre des Champs-Elysées (TCE). L'ensemble Il Seminario Musicale, sous la direction de Gérard Lesne, inteprète des pièces sacrées italiennes à la jonction du XVIIème et du XVIIIème siècle.
Gérard Lesne prend le parti de nous faire découvrir des musiciens contemporains d'Alexandro Scarlatti, Giovanni BattistaPergolese, Arcangelo Corelli ou Antonio Vivaldi, bien moins connus que ces derniers, et pourtant tout à fait dignes d'intérêt.
Gérard Lesne, assurant la voix d'alto en plus de la direction musicale, est accompagné
Tout d'abord il convient de d'attribuer une mention toute particulière à Alexandrina Pendatchanska qui remplace au pied levé (avec quelques heures uniquement de répétition) une soprano grippée qui devait elle-même remplacer Véronica Cangeni, prévue à l'origine et souffrante. Alexandrina Pendatchanska elle-même toussotait et semblait souffrir de la gorge... Une malédiction s'était visiblement installée sur les sopranos pour ce concert. Elle s'en sort très honorablement malgré des conditions assez difficiles.
Le concert commence avec le Stabat mater d'Antonio Caldara. Ce compositeur vénitien, violoncelliste de formation, a développé sa carrière en dehors de Venise, notamment sous la protection du duc de Mantoue puis du roi d'Espagne. Son Stabat mater est d'une facture très classique, assez austère et grave, avec des trames harmoniques visiblement très resserrées. Ce Stabat mater est finalement assez intimiste, touche rare chez les italiens qui optent plus souvent pour les couleurs et l'éclat. On sent une certaine influence de Scarlatti.
Le concert se termine avec le Stabat mater d'Antonio Maria Bononcini, violoniste, frère du plus célèbre Giovanni Battista Bononcini. Cette composition a caractère visiblement très concertant. Ce Stabat mater, moins grave que le précédent, mise plutôt sur une dualité voix / orchestre particulièrement bien mise en oeuvre et des passages vocaux d'une virtuosité indéniable. Ce Stabat mater est subtil, fin, complexe. Sans effets "faciles", il demande à être écouté attentivement pour en cerner toute la richesse.
Ce programme était une belle découverte. Comme souvent, et pour notre plus grand bonheur, Gérard Lesne est sorti des sentiers battus. L'ensemble vocal était relativement homogène et ce malgré les désistements qui se sont enclenchés en série.
Si la voix de Gérard Lesne est moins véloce qu'il y a quelques années, l'intelligence du texte et l'acuité de sa direction musicale compensent largement ce point. La soprano remplaçante, pourtant elle-même souffrante, a montré des qualités indéniables de phrasé, d'articulation. Jean-François Novelli était très investi avec un timbre léger, même si sa voix souffrait parfois d'un tout petit manque de projection. Edwin Crossley-Mercer campait une basse solide, inébranlable et concentrée mais que l'on aurait aimé plus relachée par moment (un tout petit peu de raideur).
La public a chaleureusement applaudi ce bel ensemble musical qui a pris le risque d'un répertoire relativement difficile mais qui confirme à quel point il excelle sur le répertoire italien à la frange de la musique ancienne et du baroque.