Ma perplexité…Unknown Group, au Frac.

Publié le 24 décembre 2010 par Doudonleblog

Jusqu’au 27 février, le FRAC, 49 rue de Longvic, à Dijon, présente une expo de 5 artistes d’horizons diverses (Unknown Group), mais réunis sur une thématique, celle de l’individu en relation avec lui-même et avec les autres.

Voyons! Essayons de démêler les sensations que me laisse ce genre d’expo d’art contemporain…Toujours un peu les mêmes. Etrange mélange de frustration et de plénitude.

Oui, les idées sont là. La réflexion est là. Intéressantes. Parfois profondes. Prenons l’ exemple de ce travail de  Susan Hiller sur les langages disparus ou en voie de disparition. On les écoute en chambre noire, se déverser maladroitement avec leurs sons étonnants. Paroles et litanies, chants et conversations improbables. De l’aborigène ou du comanche, et plein d’autres langues au nom inconnu, oublié, souvent superbe d’ailleurs. On ne comprend pas, bien sûr, ce que l’on entend. (La traduction française s’affiche sur un écran.) Mais la musique de ces voix est touchante… Dans une pièce à côté, sont montrées les fréquences (tels des électrocardiogrammes) de quelques phrases extraites de la bande son. La langue devient ainsi vibrations et signaux acoustiques enregistrés.

Bon. L’idée est belle. Langage qui sert à communiquer, langage qui exprime, langage signe de civilisation, langage symbole de culture, mais langage qui meurt etc… Et nous voilà partis pour méditer sur ces gens (dont on ne connaît ni l’origine, ni le pays, ni le continent, ni l’histoire…) qui viennent de nous faire entendre leur façon de dire les choses…Et qui pour beaucoup n’existent plus. Un frisson passe. Rapidement évaporé.

Mais?

L’artiste a-t-elle donc servi seulement de déclencheur? Mais que reste-t-il de tout ça? Une chambre noire, des chaises, une bande son, des feuilles de graphismes? Autant dire, pas grand chose. Fugace. A peine effleuré. Inconsistant. Le frisson de tout à l’heure est déjà loin. N’a pas laissé de trace.

Est-on venu voir un travail d’anthropologue? Mais, à ce moment-là, c’est très insuffisant. Léger, même. Un travail d’artiste? Je n’ai pas l’impression d’avoir RENCONTRÉ quelqu’un, ni même quelque chose. La recherche de Susan Hiller aurait-elle pu aboutir à une vraie création? Comme une mise en relation solide et bien ficelée  de cette musique vocale, de sa transcription graphique, de la poésie des mots, de la couleur des sons? Quelque chose qui transforme le langage en un objet signifiant: une écriture, un récit, une mélodie…que sais-je?

Perplexe… Comme d’hab !

Autres facettes de cette expo: -un ensemble vitré, un « pavillon »,  au centre de la salle, porte coulissante, cage de verre triangulaire. Vous jouez avec les images de transparence, votre propre reflet, celui des personnes qui vous accompagnent, vous entrez, vous sortez, vous êtes enfermés mais visibles etc…(Dan Graham)

-des dessins au crayon, géométriques, punaisés au mur. Rigueur du noir et blanc. Graphismes épurés. Architectures simples. (Marc Nagtzaam)

-une vidéo sans son, en salle noire (juste le bruit du projecteur comme dans un vieux cinéclub) qui montre des danses. Gestuelle désarticulée. Corps en transe. Danseurs en groupe mais chacun solitaire à l’intérieur de sa propre expérience corporelle. (Joachim Koester) et je passe sous silence le reste…

Voilà! J’ai retenu que le visiteur est acteur. Obligé (ça ne me déplaît pas, mais quand même on fait tout !!) C’est lui qui bouge,cogite, interprète, lit, se renseigne (pas facile, d’ailleurs, au FRAC) …L’ artiste a fait quoi? Filmé des danseurs (et encore est-ce bien lui?), posé quelque chose…(Seul le dessinateur a agi vraiment.)