N’en déplaise aux climato-sceptiques, cet hiver rigoureux est bel et bien une démonstration du réchauffement climatique.
En effet, si dans certaines régions on doit s’équiper de doudounes bien rembourrées, ailleurs, le temps est plutôt clément. Et pas besoin de faire des milliers de kilomètres. Hier, le thermostat affichait 1°C à Lille tandis que les Corses d’Ajaccio pouvaient presque se baigner avec une température printanière de 22° !
Les hivers sont froids mais la tendance globale est bien au réchauffement dans le reste du monde. Prenons du recul par rapport à ces épisodes exceptionnels et observons que la température mondiale s’est élevée de quasiment 0,5°C entre 2001 et 2010, par rapport à 1961-1990. C’est le chiffre le plus élevée jamais constaté, précise l’Organisation Météorologique Mondiale. En outre, 2010 sera la troisième année la plus chaude depuis 1850.
Au niveau global, la tendance est donc au réchauffement.
Pendant ce temps, nous avons froid en Europe. Toutefois, ce climat ne contredit en rien le phénomène du réchauffement climatique et, d’après des recherches publiées par le Journal de Recherche Géophysique, elle l’accrédite !
Explications :
La hausse globale des températures a entrainé une fonte de 20 à 30% de la calotte glaciaire. La glace a pour effet de repousser les rayons du soleil. Si elle disparait, c’est toute la surface du globe qui se réchauffe, les océans également. C’est le phénomène de l’albédo.
«Mettons que l'océan soit à zéro degré, explique Stefan Rahmstorf interrogé par l'Agence France-Presse. Il est ainsi beaucoup plus chaud que l'air polaire dans cette zone en hiver. Vous avez alors un important flux chaud qui remonte vers l'atmosphère que vous n'avez pas quand tout est recouvert de glace. C'est un changement énorme», estime le chercheur spécialiste du climat à l'institut Postdam en Allemagne.
Ainsi, un système de hautes pressions pousseraient l’air polaire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, vers l’Europe. S’en suivent quelques hivers polaires comme nous les vivons actuellement. Pendant ce temps, au Groenland, les températures, en plein mois de décembre, sont supérieures à zéro degré. « Ces anomalies pourraient tripler la probabilité d’avoir des hivers extrêmes en Europe et dans le nord de l’Asie », explique à l’AFP le physicien Vladimir Petoukhov. Sur une échelle de temps plus longue, le refroidissement de l’Europe n’est toutefois pas confirmé ; mais il va falloir s’habituer à des hivers rigoureux.
La baisse de l’activité solaire explique aussi en partie le froid rencontré dans nos régions l’hiver venu. Le 24e cycle du soleil, attendu depuis deux ans, tarde à faire son apparition. Prévu tous les 11 ans, ce changement de cycle n’est toutefois pas réglé comme du papier à musique. Mais un tel retard a incité les scientifiques à s’y attarder. La situation actuelle de l’activité solaire, vents au plus bas, spectre lumineux bien faible, disparition et réapparition des taches solaires, rappelle fortement les périodes les plus froides du petit âge glaciaire, notamment entre 1645 et 1715. Ce phénomène empêcherait les masses d’air chaud d’atteindre l’Europe.
Sources : Le Figaro, AFP