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Etat chronique de poésie 1086

Publié le 24 décembre 2010 par Xavierlaine081

1086 

Alors, j’ai ouvert la page, 

Et suis resté silencieux 

Devant le vide absolument blanc 

Qui s’y répandait. 

*

Jamais n’oserais y poser la tâche d’un mot. 

Jamais n’oserai y déposer l’attache des maux. 

*

Non, de ce rien je ferai un tout 

Ficelé de rubans colorés 

Accroché aux arbres 

En pitoyables écharpes

Suspendues aux branches nues 

J’ai laissé une aube glaciale 

Pénétrer mes veines ardentes.

Rien ne saurait me détourner de ce chemin d’exigence, 

Oreilles ouvertes aux longues manifestations plaintives. 

Pourtant je fus absent du pavé battu 

La fête s’étant éloignée 

Avec ses cadeaux d’espérance  

Regardant les choses dans le droit de l’œil 

Je vous sens tellement hésitants 

Changer ? 

Sans savoir quoi mettre à la place ? 

Construire au jour le jour 

Le sentier ouvert de nos rêves ? 

Mais vous n’y êtes pas, Monsieur, 

On voit bien que vous êtes poètes ! 

Revenez donc les pieds sur terre : 

Rien ne change tout se transforme, 

Tout s’achète et tout se vend ! 

Seul demeure le viatique du portefeuille 

Et son goupillon 

Le pouvoir absolu. 

Alors j’ai repris la page blanche. 

Elle fronçait les sourcils. 

Un soucis ? 

Je le vois bien : 

Tu te prends chaque jour quelques rides ! 

C’est que le temps passe. 

Page, ô ma douce page, 

Ne vois-tu rien venir ? 

Manosque, 25 novembre 2010 

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