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Alors, j’ai ouvert la page,
Et suis resté silencieux
Devant le vide absolument blanc
Qui s’y répandait.
*
Jamais n’oserais y poser la tâche d’un mot.
Jamais n’oserai y déposer l’attache des maux.
*
Non, de ce rien je ferai un tout
Ficelé de rubans colorés
Accroché aux arbres
En pitoyables écharpes
Suspendues aux branches nues
*
J’ai laissé une aube glaciale
Pénétrer mes veines ardentes.
.
Rien ne saurait me détourner de ce chemin d’exigence,
Oreilles ouvertes aux longues manifestations plaintives.
*
Pourtant je fus absent du pavé battu
La fête s’étant éloignée
Avec ses cadeaux d’espérance
.
Regardant les choses dans le droit de l’œil
Je vous sens tellement hésitants
.
Changer ?
Sans savoir quoi mettre à la place ?
Construire au jour le jour
Le sentier ouvert de nos rêves ?
.
Mais vous n’y êtes pas, Monsieur,
On voit bien que vous êtes poètes !
Revenez donc les pieds sur terre :
Rien ne change tout se transforme,
Tout s’achète et tout se vend !
Seul demeure le viatique du portefeuille
Et son goupillon
Le pouvoir absolu.
*
Alors j’ai repris la page blanche.
Elle fronçait les sourcils.
Un soucis ?
Je le vois bien :
Tu te prends chaque jour quelques rides !
.
C’est que le temps passe.
Page, ô ma douce page,
Ne vois-tu rien venir ?
.
Manosque, 25 novembre 2010
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