Mardi 14 décembre, s’est tenue au CNRS une assemblée générale des personnels de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, concernant les appels d’offre dans le cadre du Grand Emprunt. Elle a permis que s’exprime leur colère vis-à-vis des réformes à répétition qui déstructurent la carte universitaire et qui détériorent leurs conditions de travail.
Cette première assemblée doit permettre la multiplication des débats dans les laboratoires et dans les universités sur les conséquences du Grand Emprunt, dont la majorité des fonds devraient provenir du privé. À travers la mise en application du Grand Emprunt, l’objectif du gouvernement est de regrouper les moyens de la recherche sur une dizaine de sites universitaires à « visibilité internationale », tout en dépossédant un très grand nombre d’autres universités, qui pourraient devenir les Pôles Universitaires de Proximité annoncés par Valérie Pécresse, établissements destinés à la professionnalisation au niveau Licence. En effet, l’appel d’offre Idex (pour « Initiatives d’excellence »), vise à financer des pôles d’excellence au sein de quelques grandes Universités, au détriment également des autres composantes de ces Universités. Les lauréats ce grand concours sont au nombre de neuf à l’heure actuelle. Ces pôles d’excellence fonctionneront, en terme de recherche et de d’enseignement, sur un nombre restreint de disciplines choisies en fonction de leur « rayonnement à l’international », de leur capacité à produire des innovations rentables pour les grandes entreprises, et de l’étendue de leurs partenariats avec le privé. Ces pôles ne concentreront que les Masters et Doctorats d’élite. Les recherches qui en seront issues seront de fait fléchées au préalable dans le cadre du Grand Emprunt.
Dès lors, les universités et laboratoires intégrés à ces investissements d’excellence n’y gagneront pas grand chose, tandis que ceux qui n’y seront pas perdront tout.
Les appels d’offre du Grand Emprunt s’inscrivent dans une politique plus large qui vise à approfondir la logique de la loi d’autonomie des Universités (LRU) mise en place dans l’urgence en 2007 : déstructuration de la carte universitaire avec d’un côté des géants compétitifs et de l’autre des établissements laissés pour compte, pilotage politique de l’enseignement supérieur et de la recherche, primat des intérêts du privé sur les missions de service public.
Les fusions d’universités, la constitution d’Universités en Grands établissements comme Nancy et Metz, à même d’appliquer la sélection à l’entrée et une augmentation des frais d’inscription, la mise en place des PRES (Pôles de Recherche et d’Enseignement supérieur) et de l’opération Campus vont dans le même sens. En outre, la loi Adnot, votée le 2 décembre, élargit encore les compétences données par la LRU aux Universités en matière d’activités immobilières et de recrutement des personnels ; elle permet également aux PRES, par l’article 2 de celle-ci, qui peuvent comporter des établissements privés, de délivrer des diplômes nationaux.
Lors de l’assemblée générale du 14 décembre, les personnels des laboratoires, universitaires et chercheurs ont émis des inquiétudes quant à l’avenir de leur métier : stress au travail dû à l’urgence dans laquelle le ministère les contraint à déposer les nouveaux projets d’excellence, logique de concurrence accrue entre les laboratoires et entre les universités, crainte des montages financiers dans lesquels la recherche propre est complètement occultée. La création permanente par le ministère, depuis quelques années, de statuts sibyllins (PRES, campus d’excellence, Idex…) destinés à s’appliquer aux « bons élèves » et qui se chevauchent en partie, sont autant d’usines à gaz qui n’ont d’autres effets que de désorganiser en profondeur la carte universitaire, de mettre les établissements en compétition entre eux, d’opacifier la politique du gouvernement à coup de sigles multiples, et d’empêcher les personnels, contraints de mettre en place ces réformes dans un calendrier resserré, de se consacrer à leur travail d’enseignement et de recherche.
La Fédération des syndicats Sud Étudiant soutient et soutiendra toutes les initiatives de résistance et de désobéissance à l’encontre de ces projets. Nous soutenons l’ouverture de débats les concernant dans toutes les unités de recherche et dans les universités.
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Fédération des Syndicats SUD Étudiant :
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