Les jours passent et Denis ne va pas mieux, bien au contraire. Dimanche, il dort 13 heures d’affilée, se lève, déjeune, et se recouche sur le canap. Il est sensé reprendre le boulot le jour suivant. On retourne au centre médical en demandant à voir un autre docteur. La femme qui nous reçoit écoute les symptômes de Denis et nous annonce au bout de 3 minutes qu’on ne peut rien faire. Enfin si, il peut faire des gargarismes avec de l’eau et du sel. Comme c’est dimanche, ça fera $85. On rentre très énervés, ces docteurs n’écoutent pas vraiment et ne veulent pas prescrire un truc pour soulager la gorge ou la douleur (Denis a tellement mal la nuit qu’il ne dort pas). Et cette façon de nous expédier à chaque fois !
Deux jours plus tard, mes globules blancs me trahissent et je tombe malade. Sûrement le même virus mais qui se traduit chez moi par un gros rhube. Je ne vais pas me plaindre. Denis quant à lui est à l’article de la mort. On fait un joli couple, on en rigole d’ailleurs. Entre temps, j’ai confié à plusieurs personnes que Denis m’inquiétait beaucoup. C’est angoissant de le savoir si mal et ne pouvoir rien y faire : même en claquant des thunes les docteurs ne veulent pas bouger. Sa boss crise car le projet a urgemment besoin de lui, elle le lui fait bien sentir. En même temps, il ne dort pas plus de 3 heures la nuit. Lorsqu’il arrive à trouver le sommeil, les bruits de sa respiration me font très peur : j’ai l’impression qu’il n’y aura pas de prochaine inspiration. Certains amis me conseillent les urgences, ici on y va très facilement, pour un oui ou pour un non. Mais ça nous semble un peu exagéré. C’est donc à l’allure de deux octogénaires que nous retournons au centre médical. Cette fois-ci je ne paye pas si je n’ai pas de réponse satisfaisante. Je n’ai pas aimé le sourire en coin du doc de la dernière fois, qui semblait dire : « encore des drogués qui ne veulent pas repartir sans leur liste de médicaments » (on n’est jamais malade avec Denis et on n’est pas trop pour les médocs). Celle qui nous reçoit en ce mardi prend la tension de Denis et son pouls. C’est une première, les autres ne l’ont pas fait (Denis a pourtant demandé, mais elles ont répondu qu’elles ne prenaient la tension que lorsqu’il y avait une raison à cela). Elle s’inquiète du pouls très élevé et envoie Denis aux urgences. La consultation sera de $115, parce qu’on y sera restés 20mn.
Au Royal North Shore Hospital, nous devons tout d’abord régler $105 (avant qu’ils n’aient vu Denis), puis attendons notre tour. 6 heures plus tard, Denis passe plein d’examens et a droit à une perfusion. On lui prescrit un traitement de cheval et nous rentrons à la maison. Nous n’avons pas payé de frais supplémentaires.
Aujourd’hui, Denis semble guérir tout doucement. De mon côté, je me suis chopé une otite, je vis dans un bocal (je n’entends qu’un petit sifflement dans mes oreilles) et je me soigne comme je peux pour pouvoir prendre l’avion qui doit nous emmener à Auckland mardi prochain.
CONCLUSION 1
Nous avons donné $480 au centre médical et environ $150 à la pharmacie. Nous avons compris lors de la dernière consultation pourquoi les prix variaient et pourquoi les docs nous expédiaient. Alors en fait ils ont un barème :
- 10 mn environ de consultation = $70
- 20 mn = $115
- 30 mn =$140 (ou un truc ds le genre)
- Etc
Je me demande comment font les petits vieux ici. Pas le temps de gémir, de pleurer un peu sur sa solitude, parce que les petits-neveux « ils viennent pas souvent me voir vous savez… ».
Et puis Denis est freelance. Donc chaque jour non travaillé, c’est un jour non payé. Ce virus nous a coûté plus de $2000.
Et puis on n’est pas résidents permanents, donc on n’a pas droit à la sécurité sociale du pays. Et les assurances privées du coin, c’est un peu comme aux US : ça nous couvre en cas d’hospitalisation et de décès. Autant dire rien. En même temps c’est pas le plus grave. Dans ce pays on a l’habitude de lâcher beaucoup d’argent, mais d’un autre côté on en gagne pas mal.
CONCLUSION 2
Finalement je comprends pourquoi les gens vont aux urgences. C’est moins cher que chez le docteur. Denis a eu plein d’examens qui ne lui ont rien coûté. Un jour j’ai fait une prise de sang dans un centre médical, ça m’est revenu à $205, pour vous donner une idée (je vous ai raconté le coup du dentiste qui me fait un détartrage à $430 ??)
CONCLUSION 3
On a compris que les docs ici ne savent prescrire que des antibiotiques. Pour le reste des médocs, il faut les acheter soi-même en pharmacie ou en grande surface. Et lorsqu’on vient de France, s’auto-médicamenter, ça n’est pas facile. Alors un peu de sirop pour la toux, un peu de spray nasal… et vas y que je joue les apprentis sorciers…
CONCLUSION 4
Je n’ose imaginer le cas d’un expatrié atteint d’un cancer dans ce pays…
Sur ce (gros pavé), on vous souhaite de passer de bonnes fêtes !! On espère pouvoir vous raconter nos vacances en Nouvelle Zélande, si mes oreilles le veulent bien !
Bises à tous !