Considéré comme l'un des maîtres fondateurs du courant hard-bop apparu au milieu des années 50, notamment grâce à sa participation au sein de la formation de Art Blakey où il remplacera Kenny Dorham, ainsi que lors de sa collaboration avec les groupes de Max Roach et Horace Silver, le trompettiste Donald Byrd est une figure incontournable du jazz américain et un touche-à-tout très créatif qui, à l'instar de Miles Davis et de ses albums géniaux "Bitches Brew" ou "In A Silent Way", s'est essayé lui aussi au jazz électrique dès 1970 avec pour premier testament musical ce très bon album au titre explicite, "Electric Byrd" (son jeu de trompette droit, aéré et sans vibrato n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui de son ainé plus vieux de 5 ans). La présence du fantôme de Miles est indéniable et il n'y a qu'a écouter le premier titre "Estavanico" pour s'en convaincre. Une ambiance atmosphérique et des mouvements un rien psychédéliques sur un thème légèrement dissonant repris en choeur par tous les musiciens qui laissent trainer des notes planantes sublimées par des reverbes et des delays encore très peu employés dans le jazz de cette époque. Jamais "agressif" et très chaleureux, le virage s'opère très naturellement durant les 4 morceaux de l'album. Il en écrit 3 ("Xibaba" est une oeuvre de Airto Moreira), pour finir avec le titre "The Dude", nettement plus funky que le reste des compositions et laissant percevoir la nouvelle orientation que souhaite Donald pour sa musique. Elle prendra vraiment son essor avec les disques "Black Dyrd" ou "Street Lady" produits respectivement en 1972 et 1973 et qui connaitront un vrai succès populaire. "Electric Byrd" reste malgré tout pour moi l'un de ses plus beaux disques qui continuera encore longtemps de me satisfaire tant son univers est chatoyant et mélodieux. 43 minutes de musique douce et enivrante à la croisée des chemins entre académisme esthétique et révolution créatrice pour une fusion subtile et toute en retenue. La grande classe.
Loin des partitions extravagantes mais ô combien captivantes du grand Miles, Donald Byrd de son côté assure avec ce disque une embardée nettement moins aventureuse dans son écriture, mais tout aussi exceptionnelle et jouissive. Incontestablement une des oeuvres phares de l'année 1970, je le recommande systématiquement à tous mes proches pour lesquels je suis sûr de leur ouverture d'esprit et dont je sais leur amour pour le jazz. Pour tous les autres, je reste persuadé que vous ne trouverez pas grand chose à redire quant à la grande qualité de sa musique lorsque vous aurez commencer à écouter les 2 morceaux que j'ai choisis pour illustrer ce court article.