Magazine

Max | Un conte de Noël

Publié le 23 décembre 2010 par Aragon

gardenia.jpg"Oh Grand'Ma, tes bras m'enserrent, m'étouffent, qu'est-ce que tu as Grand'Ma, tes bras sont devenus les branches crochues d'un vieil arbre gris qui m'enserre, qui m'étouffe, réveille-toi Grand'Ma, réveille-toi..."

Old Grand'Ma était morte pendant sa sieste en te tenant  trop serrée dans ses bras Billie, trop serrée. Tu vas rester traumatisée pendant des semaines. De bistros en clients Sadie mène sa vie de gamine paumée. Elle te laisse à la famille et les torgnoles, les vexations, les brimades, le viol à dix ans révolus Billie. Le viol.  Faut que la vie rentre. Tout ça et puis encore tout ça. Sadie revient, te reprend, t'emmène dans sa nouvelle vie de hasard.

Lynching-1889.jpg
C'est dans un boxon  où tu vivras avec elle que tu joueras à la poupée Billie, que les hommes joueront très vite à la poupée avec toi. Tu grandis et s'ouvrent alors en grand les portes accueillantes de l'enfer qui te dit "Welcome Billie" : violence, prostitution, prison, mauvaise gnôle, drogue à perpète, "Welcome" Billie.

Mais un jour Kenneth Hollon, le Duke et surtout Lester "Prez" Young, l'immense "Prez" et la musique Billie. La musique qui heureusement te tombe dessus, pour une fois qu'une bonne chose te tombait dessus ma sist'. La musique-radeau sur ton océan en furie te tiendra hors du gouffre. Blues. Jazz. Avenir radieux de la note bleue, hélas inaccessible. Dans le blanc-Sud d'étranges fruits pendent aux branches des arbres. Un nègre doit ramasser du coton ou se balancer sous la fraîche ramure.

Billie-Holiday.jpg
Lady sings the blues Billie, lady sings... Un conte de Noël en ce noël 2010, un conte. L'histoire d'une princesse, d'une véritable princesse, fille d'un roi et d'une reine qui régnaient sur les claques et les cloaques, les rues,  le bitume, les gens usés et fatigués et sur les gras rats d'égoût d'une grande et bien mauvaise ville. Ses marraines - toutes des salopes - avaient bien veillées sur elle. Ses gardes - des mafieux et des macs - veillaient  aussi sur la petite qui  ne grandissait  pas en sagesse, mais bien mieux, en éblouissante beauté.  De plus, Dame Nature l'avait dotée de la plus belle voix qu'enfant de la Terre eût jamais porté.

Et les salopes, les mafieux, les macs, les gens  usés et fatigués et les rats étaient tous éblouis. Fort heureusement elle ne rencontra pas le Prince charmant et n'eût pas une tripotée de gais et beaux enfants. Sa voix recouvre encore cette ville alors que cette histoire se passait il y a fort longtemps... Il était une fois un conte de Noël : Lady sings the blues...



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte